La création française en force à Séries Mania
La manifestation lilloise, qui se tiendra du 18 au 25 mars, dévoilera également We Own This City, nouvelle mini-série du créateur de The Wire.
Nous revoilà à peu près de retour dans la vraie vie, en l’occurrence une programmation printanière de Séries Mania. Le rendez-vous lillois avait essuyé les plâtres des festivals annulés (en mars 2020 !), avant de trouver une courte fenêtre de tir à la fin de l’été dernier, pour une édition présidée par Hagai Levi. Six mois plus tard, le créateur israélien voyage de nouveau dans le Nord pour cette quatrième édition, où il accompagne En thérapie, adaptation de sa série BeTipul dont la belle deuxième saison fait l’objet d’une avant-première, en présence d’une grande partie de l’équipe menée par le duo Toledano/ Nakache.
Faute d’une venue massive des Anglais·es et des Américain·es, toujours retenu·es par la pandémie qui traîne et par les exigences de plus en plus délirantes des grands distributeurs de contenus, cette édition 2022 annonce une forte représentation française, avec notamment en compétition internationale Le Monde de demain (Arte), mini-série sur la naissance du hip-hop dans l’Hexagone à travers les premières années de NTM, réalisée par Katell Quillévéré (Réparer les vivants) et Hélier Cisterne (De nos frères blessés, Le Bureau des légendes). Consacrée aux soldats français dans le Sahel, Les Sentinelles (OCS) de Frédéric Krivine (Un village français) et Thibault Valetoux (Paris Police 1900) est également très attendue, ainsi que Drôle (Netflix), la nouvelle et subtile comédie de Fanny Herrero (Dix pour cent) dans le milieu du stand-up, dont les premiers épisodes seront dévoilés le même jour que leur mise en ligne. On note aussi la présence du duo sautillant Géraldine de Margerie/ Maxime Donzel (ex- Tutotal) avec Toutouyoutou (OCS) qui, comme son titre l’indique, plonge justaucorps en avant dans le monde de l’aérobic années 1980, sur fond de comédie d’espionnage aéronautique à Toulouse. Une promesse comme on en fait peu. Directrice de la manifestation, Laurence Herszberg se réjouit de la vivacité des créations hexagonales, désormais à la hauteur des enjeux. “Les séries françaises sont enfin devenues le reflet d’une époque. De plus en plus de personnages non blancs se trouvent au centre des propositions et ils arrivent en force cette année. Des sujets de société et politiques occupent le devant de la scène. On le voit dans la comédie musicale sur la banlieue Reuss [France.tv Slash], et même dans Le Monde de demain, qui parle de violences policières.” D’ailleurs, Séries Mania a obtenu pour sa clôture l’un des événements de l’année, Oussekine (Disney+) d’Antoine Chevrollier, qui revient sur la mort du jeune étudiant français Malik Oussekine sous les coups de la police, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986.
Outre de nombreuses séries internationales en compétition, comme Atlanta saison 3 et La Chronique de Bridgerton saison 2 montrées quelques jours avant leur diffusion, le festival s’est assuré l’exclusivité de la nouvelle création de David Simon et George Pelecanos pour HBO, We Own This City. Vingt ans après les débuts de The Wire, il s’agit d’un retour à Baltimore pour le duo de scénaristes, adapté d’un livre, en immersion dans la police locale et qui présente une vision acérée de l’échec de la politique antidrogue répressive menée dans la ville de l’Est américain. L’histoire se répète toujours avec David Simon – c’est à la fois déprimant et fascinant à regarder.
Séries Mania du 18 au 25 mars, à Lille.