L’ATTRAPEUR D’OISEAUX
Ce premier roman en forme de fiction ethnologique plonge au coeur de l’enfer vert amazonien. Fascinant.
“En vérité, le mythe de référence n’est rien d’autre, comme nous essaierons de le montrer, qu’une transformation d’autres mythes.” Le narrateur relit pour la énième fois ce passage du Cru et le Cuit
de Claude Lévi-Strauss. Lui aussi anthropologue, il est obsédé par ce qu’a écrit le “vieux Français” au sujet du mythe ancestral de “l’attrapeur d’oiseaux”, qui expliquerait l’origine du monde. “Mais pourquoi les anciens refusent-ils de me raconter cette maudite histoire ?, s’interroge-t-il. Et pourquoi je m’obstine à vouloir la recueillir ?”
Désabusé, il commence une énième expédition dans la forêt, aux abords de la frontière colombienne, et est vite confronté à l’hostilité des locaux, la mesquinerie des passeurs avinés, la violence d’une région ravagée par la pauvreté et les gangs.
Ce premier roman ne suit pas la voie tracée par Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad ou La Cité perdue de Z
de David Grann. Loin de faire référence à quelque phénomène magique pour expliquer l’infortune de son aventurier, Pedro Cesarino, anthropologue lui-même, s’inspire de son expérience personnelle : vingt-cinq ans de séjours auprès d’une tribu amazonienne. Sobre, précis, son récit s’imprègne parfois de poésie pour dessiner un paysage aussi beau que dévasté, l’Amazonie, et plus généralement ce pays en état de crise perpétuelle qu’est le Brésil.
L’Attrapeur d’oiseaux de Pedro
Cesarino (Rivages), traduit du portugais (Brésil) par Hélène Melo,
152 p., 17 €. En librairie.