VIOLETTE SUR L’HERBE À LA RENVERSE
La musicienne signe un beau recueil de textes très personnels, hommage à la grande tradition de la poésie américaine des années 1960 et 1970.
Dès ses premiers entretiens, à l’époque du succès de ses singles Blue Jeans ou Video Games, Lana Del Rey ne cachait pas son amour pour le glamour mélancolique, les légendes de
Los Angeles et l’écriture poétique de quelques auteurs qu’elle disait vénérer, tels Allen Ginsberg et Bob Dylan. Ses lectures, en quelque sorte, s’enracinent dans l’Amérique des années 1960, avec leur degré avancé et très âpre de réalisme et de rêveries, de certitudes révolutionnaires et d’intimité débordante.
À Ginsberg, elle emprunte une forme de flux de pensée, de narration presque parlée, tout droit sortie de son esprit. Dans ses textes habite quelque chose du journal très intime, et dans les photos qu’elle y adjoint, de quoi percevoir davantage des recoins de son labyrinthe mental : ses obsessions pour la topographie californienne, les vastes horizons de LA et les façons de s’y perdre – physiquement et émotionnellement. Dépouillés de musique, ses poèmes se chargent d’une force vive dans une forme assez belle de dévoilement. On trouvera là également une lecture qui perpétue la tradition des poètes et poétesses américain·es des années 1960 et 1970. Elle est aussi, implicitement, très en phase avec l’écriture de quelques figures très influentes aux États-Unis, telle Anne Waldman, dont les poésies mettent en scène des expériences du quotidien avec des mots instinctifs, tout en n’omettant jamais une dose de rêverie.
N’oublions pas que les écrivains et écrivaines travaillent dans la durée et que leur oeuvre se constitue en plusieurs livres, au gré de longues années. Pour suivre les écrits de Lana Del Rey, il faudra donc que ce premier livre ne soit pas qu’un coup d’essai, et qu’il ne se perde pas au milieu des disques.
Violette sur l’herbe à la renverse de Lana Del
Rey (Seuil), traduit de l’anglais (États-Unis) par Aurore Vincenti et Cécile Coulon,
160 p., 18 €. En librairie le 4 mars.