Les Inrockuptibles

Space Afrika, tension ambient

- Joseph Ghosn

Certains disques prennent leur temps pour arriver à vous : c’est le cas du deuxième album de Space Afrika, paru en 2021 et qui résonne encore, presque six mois après sa sortie, comme l’un des plus beaux des dernières années. Vraiment ? Oui, parfaiteme­nt. Après quelques années d’existence discrète (leur premier maxi remonte à 2015), ce duo de Manchester a réalisé là un disque dont la tension ne se dément jamais, d’un bout à l’autre, alors même qu’il travaille des genres souvent plutôt distants comme l’ambient, le dub, la musique électroaco­ustique ou le downtempo. Que s’y passe-t-il réellement ? De la même façon que le deuxième album de

Burial, Untrue, dépeignait il y a quinze ans un état de la vie urbaine et des sentiments la traversant, Space Afrika saisit ici quelque chose de l’époque et des enjeux qui l’obsèdent – rapports amoureux, relations évasives, confusion des genres… Une sorte de carnet sonore de la vie circa 2020. Ce qui hante surtout ce duo, ici, c’est la question de l’amour et la façon dont elle s’immisce dans nos existences. Et la musique ? Un continuum ultra-prenant, qui mêle des échos de rythmes, des ambiances mordorées, des voix en catalepsie, des cordes dont on ne sait si elles sont synthétiqu­es ou réelles

– la bande-son d’un rêve, à moins que ce ne soit là les sons et les compositio­ns idéales pour les films d’Apichatpon­g Weerasetha­kul, mettant en jeu une façon différente de regarder le monde et de l’écouter surtout.

Honest Labour

(Dais Records).

En concert le 9 avril à Paris (Lafayette Anticipati­ons hors-les-murs à la Station Nord - Gare des Mines).

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