→ DES SIGNES DE RALLIEMENT
Une imbrication des fonctions culturelle et politique, centrale pour l’industrie de la mode et aujourd’hui urgente : Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode, ne dit pas autre chose en rappelant lors de la Fashion Week la puissance du geste créatif qui participe, implicitement, à transmettre un message. Et de souligner l’importance pour chaque marque de mettre en place un discours non verbal à travers le défilé qui “génère des millions de vues et devient un médium à part entière”.
On a donc vu les maisons redoubler d’efforts visuels et de signes de ralliement. Chez Rick Owens, Botter, Coperni… des modèles arpentaient les podiums vêtu·es de tenues jaune et bleu ; les teintes du drapeau ukrainien adornaient les pin’s chez Koché, rhabillaient le logo de la griffe Maitrepierre ou coloraient la tenue qu’Isabel Marant portait après son show sur les réseaux sociaux. Quant à Nanushka, elle concluait son défilé par l’hymne ukrainien, alors qu’une minute de silence était observée chez Marine Serre et lors de la présentation Roger Vivier. Autant de gestes symboliques qui se muent en actions concrètes, comme l’annonce par les tops Mica Argañaraz et Gigi Hadid du reversement intégral de leur salaire de la Fashion Week à des d’associations ukrainiennes.
Et l’on peut présager que les décisions majeures prises par le milieu du luxe – telles que la fermeture des boutiques russes Hermès, Prada ou Moncler – ne représentent que la pointe de l’iceberg du rôle pouvant être joué par l’industrie face au conflit.