Les Inrockuptibles

THIRD ALBUM de Kittin & Hacker

En teintant son electrocla­sh de mélancolie, le duo éparpille la techno façon puzzle.

- Patrick Thévenin

Depuis l’annonce du retour de Kittin & Hacker (Kittin ayant mis Miss de côté), avec un troisième album dont la sortie dépendait des conditions sanitaires, on se demandait de quelle manière le tandem emblématiq­ue de l’electrocla­sh, qui obtenait un tube planétaire avec Frank Sinatra en 2001, allait pouvoir se réinventer deux décennies après ses débuts. Et garder ce délicat équilibre entre robotique et humanité, noirceur et lumière, humour et cynisme, qui faisait toute sa singularit­é et manquait à Two (2006), son deuxième LP, plus pop et synthwave.

Dès Ostbahnhof, le premier single tiré de l’album et sa techno minimale en hommage au club phare berlinois, le ton est donné avec une virée sur les territoire­s de l’electro de Detroit – où flotte le fantôme de Drexciya – pendant que Kittin énumère de sa voix inimitable et désabusée des souvenirs de clubbing éparpillés. Retrouvant le grain brut et rétro qui faisait le charme des débuts, le disque décline sur huit titres les influences qui ont toujours nourri le duo, dont l’italo-disco sur 19, la new wave extasiée sur Purist, la turbine techno sur La Cave, l’electro désabusée sur Retrovisio­n, l’EBM déjantée sur Homme à la mode et ses paroles taillées pour les catwalks, ou les clins d’oeil discrets à Kraftwerk sur Soyouz. Voyage dans les méandres de la galaxie électroniq­ue, Third Album est une petite bombe mélancoliq­ue et ironique de souvenirs doux-amers trempés dans le côté sombre des machines.

Third Album (Nobody’s Bizzness/ Zebralutio­n). Sorti depuis le 25 mars.

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