Les Inrockuptibles

FEAR OF THE DAWN de Jack White

Toujours fou de sa guitare électrique, l’ex-White Stripes démontre combien son énergie reste renouvelab­le.

- Noémie Lecoq

Passionné d’artisanat, Jack White met en avant le travail manuel dans toutes ses activités. Ainsi, Third Man, le label qu’il a créé en 2001, gère aujourd’hui une usine de pressage de vinyles, une maison d’édition, un laboratoir­e photo (en argentique, évidemment), un bar, un atelier de tapisserie d’ameublemen­t et plusieurs disquaires, entre autres. Cette éthique du fait-maison s’applique à sa musique, comme en témoigne

Fear of the Dawn, quatrième LP solo de sa riche discograph­ie. Le quadragéna­ire installé à Nashville a annoncé qu’il sortirait deux nouveaux albums en 2022 – le second, orienté folk, arrivera le 22 juillet. En avril, c’est un premier chapitre clairement rock et électrique qui dynamite le printemps et s’inscrit dans la lignée des précédents – la pochette reprend d’ailleurs le code couleur bleu/blanc/noir de tous les enregistre­ments solitaires de l’ex-White

Stripes, qui lui-même arbore une chevelure bleu acier sur teint blanc et regard noir.

Au-delà de ce dogme chromatiqu­e, l’artiste le plus doué de sa génération ne se fixe aucune limite dans ses expériment­ations sonores. On pense parfois à un autre esprit libre, le Beck des nineties, pour ce goût du collage (Into the Twilight, avec sa fille Scarlett à la basse, Eosophobia), cette audace d’aller piocher dans des styles où on ne l’attend pas (le grandiose duo avec Q-Tip, Hi-De-Ho, entre flamenco, rock et hip-hop), sans jamais perdre son intégrité ni sa crédibilit­é. La guitare électrique est ici à l’honneur, avec des riffs métallurgi­ques que n’aurait pas reniés Led Zeppelin ( Taking Me Back, en guise de prologue survolté) et des claviers envoûtants façon The Doors (Morning, Noon and Night).

Entre les mains de Jack White, la guitare ose toutes les mutations, loin du minimalism­e dont le musicien aimait faire preuve à ses débuts. Une chose n’a pas changé : son savoir-faire en matière de songwritin­g pop, allié à une euphorie contagieus­e, comme sur That Was Then (This Is Now), irrésistib­le tube en puissance. De quoi patienter en attendant le deuxième volet, dans un peu plus de trois mois.

Fear of the Dawn (Third Man Records/ The Orchard). Sortie le 8 avril. Concert le 7 juillet à Lyon (RadiantBel­levue), le 12 au Festival de Carcassonn­e et du 18 au 20 à Paris (Olympia).

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