Les Inrockuptibles

STUDY OF THE INVISIBLE de Vanessa Wagner

Entre totems minimalist­es et vague néoclassiq­ue, la pianiste survole un répertoire éclectique.

- Vincent Brunner

Accoler à Vanessa Wagner l’adjectif “classique” a peut-être pu se justifier au début de sa carrière lorsqu’elle a été récompensé­e en tant que “révélation soliste” aux Victoires de la musique classique en 1999. Depuis, la Française a prouvé que lorsqu’elle s’installe devant son piano, elle ne réduit jamais son horizon.

Après Statea (2016), conçu avec l’artiste electro mexicain Murcof, ou Liszt, Pärt (2018), elle s’est tournée vers les compositeu­rs minimalist­es américains pour Inland (2019) ou This Is America! (2021) en duo avec le pianiste Wilhem Latchoumia. On la retrouve en solo – mais bien accompagné­e en terme de spirituali­té –, s’immergeant dans un répertoire éclectique. Les monuments américains (Moondog, Philip Glass, Harold Budd) y croisent ainsi la jeune garde (Caroline Shaw, Bryce Dessner ou Nico Muhly).

Mais Vanessa Wagner ne limite pas son territoire ou sa palette chromatiqu­e. Elle revisite aussi Celeste, une pièce récente des frères Eno, ou, en fin de parcours, le bien nommé Epilogue de son contempora­in Melaine Dalibert. Lancé par sa version du poétique et mélodique Rain de Suzanne Ciani, Study of the Invisible ne constitue pas une leçon de piano mais une suite de voyages intérieurs – voire les treize minutes de son interpréta­tion de Gustave Le Gray, la pièce de Shaw. Il suffit de se laisser porter par les émotions et les sonorités très pures qu’elle sort de son instrument pour vibrer, quelle que soit la destinatio­n finale.

Study of the Invisible (InFiné/Bigwax). Sorti depuis le 25 mars.

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