Les Inrockuptibles

PAST IMPERFECT: THE BEST OF TINDERSTIC­KS ‘92-‘21 de Tinderstic­ks

La belle trajectoir­e d’un groupé passé de Nottingham à la Creuse en vingt titres intenses. À réviser au plus tôt ou tard dans la nuit.

- Rémi Boiteux

Au-delà du passage symbolique des trente ans de carrière en 2022, il n’est pas anodin que la formation de Stuart Staples sorte aujourd’hui un résumé de son parcours. Non que Tinderstic­ks voudrait fermer boutique, mais parce que le récent Distractio­ns (significat­ivement écarté de ce florilège) semblait marquer comme un nouveau départ. Hypothèse que vient donc confirmer Past Imperfect en faisant de la longue période de 1992 ( Patchwork, premier 45t) à 2019 (No Treasure but Hope) un tout homogène.

Si la cohérence de la sélection est indiscutab­le, on y discernera au moins deux versants, de Nottingham à la Creuse pour Stuart Staples qui, surtout, a repensé en cours de route l’architectu­re de son vénéneux orchestre. Dès City Sickness (titre évocateur des atmosphère­s “mal du siècle” que dépeignent les compositio­ns du groupe), une esthétique est posée : nocturne, soyeuse, cinématogr­aphique. Les cordes (magnifique Tiny Tears) exhaussent un romantisme parfois tamisé, parfois appuyé, mais aussi une urgence qui réserve de belles envolées, du quasiweste­rn du Her des débuts jusqu’à un See My Girls qu’on aurait aimé voir placé en écho.

On trouvera forcément ici des lacunes, des béances (le beau Curtains est sous-représenté, et The Hungry Saw, adoré par le pianiste David Boulter, est absent), mais c’est aussi par elles que s’infiltre la lumière. Et ces morceaux auxquels les choeurs donnent une âme soul ( Can We Start Again?, ou This Fire of Autumn sur le très présent The Something Rain) apportent un relief liquoreux à cette collection plus attentive à l’émotion qu’à la complétude. Y glisser ainsi le spoken word de My Sister est un gage des meilleures intentions de l’entreprise. L’incontourn­able collaborat­ion avec Claire Denis est évoquée en fin de course avec Willow, tiré du spatial

High Life, cette fois chanté par Staples lui-même, et l’inédit Both Sides of the Blade destiné au prochain film de la cinéaste. L’inclusion en avant-dernière position de la superbe Pinky in the Daylight, avec sa joyeuse mélancolie aux lumineux accents méditerran­éens, donne

in fine à l’ensemble la forme d’un chemin vers la clarté – ce qui reste une grille de lecture possible à travers une discograph­ie qui, tout en restant fidèle à ses fondamenta­ux, n’aura eu de cesse de faire des volutes.

Past Imperfect: The Best of Tinderstic­ks ‘92-‘21 (City Slang/PIAS). Sorti depuis le 25 mars. En concert le 26 avril à Lille (Théâtre Sébastopol) et le 27 avril à Paris (Grand Rex).

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