PARAGES 11

Un numéro spécial consacré à la Marie NDiaye dramaturge, avec deux inédits percutants où la mort mène le jeu.

Tout le monde connaît la romancière Marie NDiaye. Mais beaucoup moins ses pièces de théâtre, une dizaine depuis

Hilda en 1999, rarement mises en scène. Une incongruité, alors que Papa doit manger fut en 2003 la deuxième pièce écrite par une femme à entrer au répertoire de la Comédie-Française – un an après Savannah Bay de Marguerite Duras –, dans une mise en scène d’André Engel.

C’est cette lacune que comble magnifiquement la revue Parages du TNS de Strasbourg dans un numéro consacré à Marie NDiaye, autrice de théâtre, en publiant notamment deux pièces inédites,

Une offrande et

Te craindre en ton absence, dont les titres résonnent étrangement tant ils circonscrivent la singularité de son écriture dramatique. À savoir le don, façon potlatch, que fait le théâtre à la condition humaine et que l’on pourrait résumer d’un trait : rendre compte de la présence au monde comme d’une expérience de l’absence.

Outre les textes d’analyse de son oeuvre dramatique, tous passionnants, et des interviews de comédien·es et de dramaturges, on y découvre aussi un dialogue épistolaire entre Claudine Galéa et Marie NDiaye échangeant sur leurs pratiques d’écriture, une introduction éclairante à l’art dramatique à même de saisir à travers des paroles – dialogues ou monologues – tout le non-dit, tous les hors-champs et toutes les ellipses de temps et d’espace qui façonnent notre expérience humaine.

Parages 11 la revue semestrielle du Théâtre national de Strasbourg. 217 p., 15 €.