MARGUERITE DURAS, PERSONNAGE

Elle fait partie des écrivain·es dont et sur lesquel·les j’aime tout lire. Des écrivain·es qui sont un monde en soi. Pour le dire autrement : je me sens bien dans le Durasmonde. Lettres retrouvées, sur la correspondance (inédite) qu’elle a entretenue, entre 1969 et 1989, avec son amie Michelle Porte (qui a réalisé deux films sur elle), nous fait pénétrer dans son monde. “Avec elle, on était dans la littérature !”, raconte Porte. Car sa littérature excédait les livres pour se répandre partout autour d’elle. D’ailleurs, ce ne sont pas ses lettres qui compatent le plus ici – souvent très factuelles, elles n’abordent cinéma et théâtre que par le prisme de la logistique –, mais les commentaires de la destinataire, la façon dont Marguerite Duras a imprimé sa vie et sa mémoire. Comme dans tous les témoignages des proches de Duras, y compris les livres de Yann Andréa, elle y est tel un personnage de roman – souvent terrible, très drôle, curieux mélange d’égocentrisme et de générosité. Quand Porte lui dit qu’elle va faire un film sur Virginia Woolf, Duras répond, jalouse : “Ah bon, sur Woolf ? Vous croyez que c’est intéressant ?” L’anecdote sur la mouche morte, p. 135, dit très bien la façon dont l’écrivaine tordait le réel dans ses écrits. Dans Le Petit Foulard de Marguerite D. de Colette Fellous, elle apparaît très émouvante : obsédée par les robes que portent ses personnages et un certain petit foulard léopard. Écrivaine et héroïne à la fois.

Lettres retrouvées de Marguerite

Duras et Michelle Porte (Gallimard), 208 p., 18 €. En librairie.

Le Petit Foulard de Marguerite D.

de Colette Fellous (Gallimard), 112 p., 14 €. En librairie.