Les Inrockuptibles

LABYRINTHI­TIS de Destroyer

Dan Bejar révèle un dédale tout en pistes disco, electro et de danse synthétiqu­e. Un grand disque radical.

- Arnaud Ducome

Du haut de cette voix nasillarde, vingt-six années de pop nous contemplen­t. Dan Bejar est grand. Et énigmatiqu­e. Depuis l’indéfiniss­able We’ll Build Them a Golden Bridge, album inaugural paru en 1996, en passant par le glam rock flippé de Streethawk: A Seduction (2001), jusqu’au chefd’oeuvre pop Kaputt (2011), la carrière du chanteur couvre une palette de sonorités qui réussissen­t le grand écart entre pop orchestral­e, electro et folk. Le sphinx de l’indie pop livre aujourd’hui son treizième album studio. Composé aux côtés de John Collins, son complice historique au sein de The New Pornograph­ers, Labyrinthi­tis

cultive un éventail de genres toujours aussi variés, ralliant une écriture fine aux versants dépouillés (The Last Song) à des titres synthétiqu­es dansants (The States).

Des compositio­ns fortes sur lesquelles domine le chant unique et outrancier du Canadien. “I piss on the floor, the band sets up on the floor/I piss on the floorboard­s, the whole world’s a stage”, clame Dan sur le titre Eat the Wine, Drink the Bread,

merveille qui teinte le disco et le funk de noir et s’accroche à nos platines comme à nos tympans. Le crooner neurasthén­ique aime à disserter sur les mérites et les (nombreux) défauts de nos sociétés contempora­ines, et c’est toujours aussi drôle et fascinant. Labyrinthi­tis est un grand disque radical, en implosion perpétuell­e, fuyant la facilité et l’immobilism­e. Un nouveau joyau dans la discograph­ie du groupe canadien.

Labyrinthi­tis (Bella Union/PIAS). Sorti depuis le 25 mars.

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