ANOTHER LIFE
de Nadine Khouri
Toujours produite par John Parish, la songwriter d’origine libanaise confirme son sens du blues frissonnant.
Il brillait, sur le premier album de Nadine Khouri (The Salted Air, 2017) une étoile brisée, Broken Star, l’un des singles. La lumière, plus tamisée, qui nimbe son successeur Another Life est elle aussi cassée : c’est The Broken Light, cette lueur qui “sait tout de la défaite”, nous dit l’un des plus beaux titres de cette nouvelle collection de chansons nocturnes. C’est aussi le clair d’une lune basse fidélité, une Lo-Fi Moon où, dans le texte, il est question d’une “radio fantôme”. La radio de Nadine Khouri émet enlacée de choeurs subtils et de saxophones spectraux, mise en son par un John Parish qui installe d’abord une sensualité Mazzy Star dépouillée à laquelle s’ajoutent par touches discrètes des beats synthétiques parcimonieux (l’entêtant
Keep On Pushing TheseWalls), ou le clavier enfantin de Briefly Here.
De la délicatesse surgissent aussi des tubes potentiels comme Vertigo qui lointainement fraye avec la sensualité du
Wicked Game de Chris Isaak. Déracinée (elle a fui enfant son Liban natal), Nadine Khouri chante sur ses arrangements parfaits des histoires hantées, des aspirations, des respirations où les silences aussi en disent long.
Another Life est un album qui vibre par douces vagues, amples, épurées, mais à la puissance très sûre. Sur le magnifique avant-dernier morceau, elle s’interroge sur ce que pourrait chanter l’oiseau en cage. À n’en pas douter, Nadine Khouri a trouvé une voix de liberté.
Another Life (Talitres/L’Autre Distribution). Sortie le 18 novembre. En tournée française et à Paris le 23 novembre (Point Éphémère).