Les Inrockuptibles

DANIEL de Real Estate

Toujours doté d’un sens mélodique à toute épreuve, le quintette du New Jersey livre un album d’indie pop délicat et réconforta­nt.

- Sophie Rosemont

Des violons se font entendre, rapidement dominés par des guitares scintillan­tes, rejointes par la voix de Martin Courtney, le leader de Real Estate, qui nous chante Somebody New dans un entrelacs harmonique infiltré de flûtes, et dont la coda, à l’humble délicatess­e, enchante... Voilà une introducti­on présageant le meilleur. Enregistré dans le légendaire RCA Studio A de Nashville, qui a vu passer B.B. King ou The Beach Boys et favorise ici la présence de la pedal steel, le sixième album de Real Estate doit son titre au producteur Daniel Tashian (Kacey Musgraves, Demi Lovato) :

“Je voulais travailler avec un producteur avant tout doté du point de vue d’un auteur-compositeu­r, explique Courtney.

Daniel dispose d’un sens inné de la mélodie et de la structure des morceaux, dont il faisait briller l’essence.”

En témoignent Haunted World ou Freeze Brain, où il est question de soleil perçant une irrépressi­ble mélancolie. “Il est extrêmemen­t enthousias­te et hilarant, poursuit-il. Il nous a rassurés et a favorisé notre créativité.” Laquelle se nourrit aussi d’une amitié pérenne entre Martin Courtney, le bassiste Alex Bleeker (ces deux-là se connaissan­t depuis leur école primaire du New Jersey), le guitariste Julian Lynch, le claviérist­e Matt Kallman et le batteur Sammi Niss. Une dream team sévissant depuis 2008, motivée par un amour pour le slacker rock à la Stephen Malkmus et publiant, à un rythme régulier mais non effréné, des oeuvres participan­t à la poésie du rock alternatif actuel.

“C’est génial d’être dans un groupe avec des personnes qu’on connaît depuis l’enfance, observe Courtney. C’est comme une deuxième famille. Nous nous faisons pleinement confiance, ce qui facilite vraiment le processus artistique.” En effet, ces onze nouvelles compositio­ns tiennent la route indie la plus accessible possible,

“l’objectif était d’en faire une collection de chansons pop en favorisant le minimalism­e : classiques, pas trop stylisées, avec beaucoup d’instrument­s acoustique­s, sans trop d’effets ou de synthés”. En ligne de mire,

Automatic for the People de R.E.M. qui a “obsédé” Real Estate durant l’écriture du disque, ce qui “se ressent surtout dans les arrangemen­ts et l’instrument­ation”. Et d’ajouter, toujours espiègle : “Chaque soir après le studio, nous visionnion­s une tonne d’épisodes de l’émission de télé-réalité Love Is Blind.

C’est probableme­nt la plus grande influence de cet album !”

Daniel (Domino/Sony Music). Sortie le 23 février. ♦

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