Les Inrockuptibles

CONTREBAND­E 02. LE DISQUE DE L’ÉTÉ de Flavien Berger

Près d’un an après Dans cent ans, le Parisien revient avec son traditionn­el “contre-album”, carnet de bord compilant divers bidouillag­es et esquisses témoignant de la richesse de son répertoire.

- Théo Dubreuil

C’est désormais l’une des plus belles traditions de la pop française : à chaque nouvel album de Flavien Berger, on est en droit d’en attendre un second arrivant dans son sillage, sorte de jumeau maléfique, de compagnon ou de contrepoin­t au premier. Une habitude qui n’est pas pour nous déplaire puisqu’il n’est pas ici question de chutes de studio ou de morceaux troussés à la va-vite, mais d’un véritable itinéraire de ce qui sépare un album canonique d’un autre : la bande originale d’un interstice. Sur ce nouveau making of qui fait preuve de transparen­ce autant qu’il brouille les pistes de son processus créatif, Flavien Berger réactive ainsi sa série Contreband­e pour un second volet estival. Après l’hiver (Contreband­e 01.

Le disque de Noël, 2015), rien d’étonnant à voir cet obsédé de la ligne du temps, qui a achevé sa trilogie Léviathan/ContreTemp­s/Dans cent ans, faire de cette série une saga saisonnièr­e. S’il emprunte ici les tropes de la belle saison (un Summer Time Jam au long cours, Hawaï, clapotis des vagues, spa et cours de plongée), c’est pour mieux accentuer l’un des qualificat­ifs les plus usités pour décrire sa musique : liquide.

Une fois n’est pas coutume, Contreband­e 02 est un disque-fleuve, moins pour sa longueur que pour ses affluents qui creusent des sillons toujours plus excitants dans la carrière du Parisien (boom-bap, spectres de Laurie Anderson, ambient…) ou pour cette musique qui semble tour à tour jouée sous l’eau ou à sa surface. À l’instar de Radio Contre-Temps au moment de sa sortie, ce nouveau contrealbu­m fige la musique de Flavien Berger dans le mouvement. Il miroite, jamais vraiment différent mais constammen­t changeant. Comme le finale Magie vermeille, fruit de son étroite collaborat­ion avec Pomme, qui semble pouvoir s’étendre indéfinime­nt sans jamais se répéter, ou dans les nouveaux trésors d’écriture que recèle

Contreband­e 02.

Dans sa manière de faire affleurer le politique et de faire rimer le militantis­me au bout de Rivière (les manifestat­ions et les violences policières) ou dans sa façon de faire sonner l’écriture inclusive sur Plongereus­e, entre autres inventions formelles dont il a le secret depuis

Mars balnéaire (décidément le spectre de l’été !), Flavien Berger fait encore et toujours advenir un futur désirable pour la chanson française. Un futur désengorgé de son intégrisme et de son conservati­sme, et qui va au gré des flots : changeant, liquide, fluide.

Contreband­e 02. Le disque de l’été (Pan European Recording/Idol/ Bigwax). Sorti depuis le 9 février. En concert à la Cigale, Paris, les 11 et 12 mars ; à la Gaîté Lyrique, Paris, les 15 et 16 mars et au Point Éphémère, Paris, les 20 et 21 mars.

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