Les Inrockuptibles

VEIL de Lysistrata

Après plus de quatre ans de silence, le trio français post-hardcore a gardé son énergie intacte pour signer une nouvelle étape majeure de sa discograph­ie.

- Alexis Hache

Décidément, les scènes rock, heavy et indie françaises se portent bien. Après Slift et Johnny Mafia, c’est au tour de Lysistrata (mais aussi de Gwendoline) de se rappeler à notre bon souvenir. Le groupe de Saintes a pris son temps avant de dévoiler son troisième album, l’épatant Breathe In/Out datant déjà de 2019. Mais il fallait peut-être une gestation aussi longue pour se montrer à la hauteur d’attentes démesurées et sortir ce disque mêlant à merveille le post-hardcore complexe qu’il maîtrise à merveille et des mélodies plus immédiates. Confier pour la première fois la production à un tiers (Ben Greenberg, à l’oeuvre avec Algiers, Beach Fossils ou Metz) a sans doute poussé Lysistrata dans ses retranchem­ents. En résulte un disque bien plus condensé que les précédents, ce qui ne gomme en rien l’énergie du trio. Au contraire, Veil marque les esprits par sa capacité à convoquer en dix titres nerveux le postpunk habité de

The Murder Capital (sur Artifice ou See Through, Ben Amos Cooper ayant par ailleurs des allures de James McGovern) et l’évidence mélodique des légendaire­s At the Drive-In (Acid to the Burn, Feel the Shine). On pense ainsi souvent à Relationsh­ip of Command (2000), mètre étalon du genre, en écoutant

Veil et en se laissant submerger par la rage et l’urgence de morceaux comme la tornade noise et stridente Rise Up ou Trouble Don’t Last et sa basse à faire trembler les murs.

Horns, dont la montée en puissance ravit à chaque écoute, est un single d’une classe folle, mais le courroux est parfois contenu et se dilue dans quelques effets électroniq­ues bienvenus (Okay).

Et c’est, une fois n’est pas coutume, sur des accords de guitare acoustique que s’ouvre l’album avec Tangled in the Leaves. Chant clair et aérien, tension sourde qui enivre à mesure que l’air se raréfie, production à la hauteur de ce rock abrasif, le tout en moins de trois minutes : les passionnan­tes facettes du nouveau Lysistrata sont affichées d’entrée. N’oublions pas enfin que ces gars-là n’ont pas encore 30 ans, l’avenir leur appartient.

Veil (Vicious Circle/L’Autre Distributi­on). Sortie le 1er mars. En tournée française et en concert à la Maroquiner­ie, Paris, le 22 mars.

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