Les Inrockuptibles

DOSTROTIME de Squarepush­er

Retour du virtuose de l’electro qui malaxe toujours ses rythmes tordus avec une pointe de pop.

- Patrick Thévenin

Stoïquemen­t, sans céder un beat de sa liberté créatrice et près de trente ans après ses débuts, Squarepush­er continue avec un malin plaisir à brouiller les pistes et à mélanger vigoureuse­ment les influences, drum’n’bass et free jazz, breakbeat et drill, IDM et EDM, triturant ses logiciels bricolés comme pour mieux sonder l’âme des machines. Et ce n’est pas Dostrotime, qui s’ouvre sur une guitare sèche avant d’être balayé par un enchevêtre­ment de rythmiques apocalypti­ques, qui dissipera l’épais nuage de fumigènes entourant l’Anglais. Squarepush­er résume l’état d’esprit dans lequel est né ce disque, écrit alors que sa tournée mondiale était annulée à cause de la pandémie : “J’ai éprouvé un bonheur simple que je n’avais jamais connu à l’âge adulte. Cela m’a rappelé l’enfance, où l’on sait que de grandes et terribles choses se profilent à l’horizon, mais où l’instant présent est un sanctuaire bienheureu­x.” Titré en référence à l’état de sidération dans lequel s’est retrouvé Squarepush­er,

Dostrotime est un album pop et jouissif qui joue aux montagnes russes, passant d’une ballade faussement apaisée

(Akteon 1) à un nuage de beats parcouru de percées lumineuses (Duneray), de Vangelis sous Roland 303 (Kronmec) à un match de catch entre guitare et machines

(Holorform). En guise de cerise sur le gâteau, Enbounce, perle électroniq­ue qui évoque librement Inspiratio­n de Section 25 et Smalltown Boy de Bronski Beat, avant d’en compresser toute velléité pop. La preuve en beauté que Squarepush­er n’a pas cédé au mainstream.

Dostrotime (Warp/Kuroneko). Sortie le 1er mars.

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