SÉRIES MANIA À L’ATTAQUE DU RÉEL
Les premiers épisodes de la série la plus attendue de Netflix en ouverture, la présentation des séries en compétition, des rencontres avec Élisabeth Tanner ou Jean-Xavier de Lestrade : les neuf jours du festival lillois s’annoncent intenses.
Après les années parisiennes de 2010 à 2018, Séries Mania entame sa sixième saison lilloise avec l’ambition de rester le principal festival de séries en Europe et de défendre un pan culturel dominant dans les pratiques mais souvent dévalorisé en tant qu’art. L’an dernier, la série iranienne The Actor avait remporté le grand prix sans susciter la curiosité d’un diffuseur français. D’autres tenteront d’attirer l’attention en ce mois de mars, à commencer par celles qui ont les honneurs de la compétition internationale (avec un jury présidé par Zal Batmanglij, cocréateur de The OA), notamment l’une des curiosités de l’année, Dans l’ombre (France Télévisions). Soit l’alliance entre Pierre Schoeller, cinéaste respecté de L’Exercice de l’État (2011) qui racontait le quotidien d’un ministre, et l’ancien chef du gouvernement – et futur éventuel candidat à la présidence de la République – Édouard Philippe. La série est l’adaptation du best-seller de ce dernier (coécrit avec Gilles Boyer) et raconte une campagne tumultueuse, en mêlant esprit documentaire et pure fiction.
Une manière pour Séries Mania d’appréhender l’un des thèmes majeurs de cette édition : la prise en compte du réel comme ferment du romanesque, dans une ère où les récits originaux n’ont pas de prix. L’hommage à Jean-Xavier de Lestrade, pionnier du documentaire sériel de true crime avec Soupçons (et récent auteur du carton Sambre, côté fiction), va dans ce sens. Le Français, devenu au fil des ans une figure majeure des séries hexagonales, s’exprimera sur ses inspirations et sa méthode.
On verra en compétition So Long, Marianne, une série canado-norvégienne sur la romance dans les sixties entre Leonard Cohen et Marianne Ihlen, la femme qui a inspiré au musicien la belle chanson éponyme publiée dans son premier album en 1967, et à qui il n’a jamais cessé de penser. Un petit voyage en Grèce vers Hydra, l’un des lieux de leur idylle, ne fera pas de mal.Toujours en compét’, côté Arte, la série francobritannique Rematch (produite par Bruno Nahon, familier du festival depuis Ainsi soient-ils) s’intéresse au moment où le champion d’échecs Garry Kasparov tombe sur un os face à l’ordinateur Deep Blue, en 1997, ce qui promet une réflexion contemporaine sur l’intelligence artificielle. Pendant neuf jours, il faudra se frayer un chemin dans une programmation forcément pléthorique, dont on retient aussi une amusante rencontre avec Élisabeth Tanner (l’inspiratrice de Dix pour cent) intitulée Meet My Agent, la présentation de la nouvelle minisérie du prolifique Erwan Le Duc (La fille de son père, Sous contrôle) avec Niels Schneider, Le monde n’existe pas, ou encore la nouvelle création des showrunners espagnols Los Javis (Veneno), La Mesias (section Panorama), fresque barrée sur trente ans de la vie d’une femme et d’un groupe de fanatiques d’ovnis.
Et le gros coup? Ce sera la présentation en ouverture des premiers épisodes de Three Body Problem (Le Problème à trois corps), la production la plus attendue de Netflix ce printemps, adaptée du roman de SF de Liu Cixin par David Benioff et D. B. Weiss, qui furent pendant les années 2010 à la tête de Game of Thrones.
Séries Mania, à Lille, du 15 au 22 mars. seriesmania.com