THE SUNSET VIOLENT
Accompagné ponctuellement par King Krule et inspiré par Dean Blunt, le duo electro déploie son spleen londonien dans le désert californien.
D’abord associé à James Blake et à la vaporeuse scène post-dubstep, après l’inaugural Crooks & Lovers (merveille de 2010), Mount Kimbie avait donné à ce genre évanescent un corps et des nerfs sur le fondamental LoveWhat Survives (2017). Le but semblait alors de s’affranchir du strict cadre électronique, y compris pour retomber sur des terrains plus balisés par les guitares.
Enregistré dans la Californie qu’évoque Hari Kunzru dans le roman Dieu sans les hommes
– espaces désertiques et culte des ovnis –,
The SunsetViolent retrouve l’épisodique mais fidèle King Krule, le temps d’un Empty and Silent en beau finale nostalgique et d’un Boxing au tropisme très The Jesus and Mary Chain. Si Dominic Maker et Kai Campos l’ont d’abord accueilli comme un élément exogène, ils ont fini par rejoindre Archy Marshall dans son exploration d’un territoire désossé par le postpunk.
Malgré la Californie, Londres reste cruciale, en témoigne la new wave d’A Figure in the Surf.
Plus resserré que MK 3.5: Die Cuts/City Planning (2022), The Sunset Violent s’appuie en partie sur la boîte à rythmes LinnDrum, insufflant une pulsation asthmatique sur laquelle s’érige un disque comme dévasté. En émergent les emballants singles Dumb Guitar ou Fishbrain, et surtout ce Shipwreck très Dean Blunt – celui du diptyque Black Metal (2014 et 2021) –, pierre angulaire secrète de tout un pan de l’indie contemporain. Dans le désert, Mount Kimbie semble avoir trouvé l’équilibre entre ascèse et ardeur.
The SunsetViolent (Warp/Kuroneko). Sortie le 5 avril. En concert à La Cigale, Paris, le 30 avril.