Les Sables Vendée Journal

Le remblai, promenade multisécul­aire

- François Hefti

« Les Sables sans le remblai, c’est Paris sans les Champs. » Priscilla Giboteau distille une formule qui claque. Et si les premières respiratio­ns précédant la naissance de l’avenue des Champs-élysées remontent au début du XVIIE siècle, la genèse du remblai puise ses racines avant, un siècle plus tôt sous l’ordre du Roi de France, le souverain François 1er. À partir de 1525 commence alors à être érigé un mur au pied de la dune, édifice devant protéger la dune mais également la cité. « Remblai comme remblayer de pierres », reprend Priscilla Giboteau retraçant l’origine patronymiq­ue d’un mur s’étirant originelle­ment sur un peu plus de trois cents mètres. S’il s’effondre au fil des siècles, il tutoie la longueur de cinq cent cinquante mètres (entre l’actuelle piscine et la rue Travot) dans le courant du XVIIIE siècle. Au bout ? « On retrouvait alors la dune tout simplement. Entre 1860, 1880 et 1920, le remblai va augmenter vers la rue Guynemer puis jusqu’à Tanchet. Avec le développem­ent des bains de mer, la promenade accueiller­a des garde-corps ou des escaliers en bois pour descendre sur la plage », relate la guide conférenci­ère sablaise.

Tout au long de cet été le Journal des Sables invite vacanciers et locaux à (re) découvrir quelquesun­s des lieux emblématiq­ues ou bâtiments historique­s aux Sablesd’olonne ou à la Chaume. Cap aujourd’hui sur un endroit de promenade incontourn­able… Un véritable passage obligé, une des images de marque de la station balnéaire !

Tramway électrique

En front de mer le site est alors l’endroit « où il faut être vu et se faire voir », le lieu où on peut également apprécier d’un peu plus loin les animations qui se déroulent sur le sable, « les courses de chevaux, les concours de châteaux ou les locations d’ânes ». Alors que la station balnéaire rayonne de plus en plus, la municipali­té conduite par Fernand Gautret modernise son réseau de transports. Le 14 août 1898 c’est en grande pompe que le tramway électrique est inauguré. Il permet à 80 passagers répartis dans neuf voitures de se déplacer (20 km/h maximum) entre la garde, la Rudelière, la poissonner­ie, le casino des Pins ou le remblai évidemment. Fin de service en 1925 « à cause de pas mal d’accidents ».

Quatre kilomètres

En 1908 les Ponts et Chaussées auront aussi délégué l’entretien et la gestion du remblai à la Ville. Quant au célèbre architecte sablais Maurice Durand, son empreinte et ses travaux se concrétise­ront également à l’époque sur la promenade. Touché lors de la seconde guerre mondiale, martyrisé par la tempête Xynthia il y a sept ans et souffrant de défauts techniques structurel­s au niveau du béton armé, le remblai sera assaini puis rénové et modernisé à partir de 2009. Aujourd’hui largement tournée vers les piétons, la promenade longe l’océan sur près de quatre kilomètres. « Cela reste un superbe lieu de balade, un endroit qui vit l’été et même en hiver. Oui, on n’imagine pas Les Sables sans son remblai », conclut souriante Priscilla Giboteau. Ce ne sont pas les Sablais et les touristes qui prétendron­t le contraire…

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