Le phare des Barges, « phare de l’enfer », unique en son genre en Vendée
Depuis le début de la saison estivale, le Journal des Sables vous invite à (re) découvrir certains bâtiments historiques et lieux emblématiques ici aux Sables-d’olonne, là à La Chaume, mettant le patrimoine local en valeur. Cette semaine le JDS quitte la terre ferme et prend la mer. Cap sur le plateau rocheux des petites et grandes Barges…
Il y a le phare de l’armandèche (dont on doit la construction au fameux architecte sablais Maurice Durand et qui fut le dernier phare construit en France), la tour d’arundel, le phare rouge et… le phare des Barges. Un monument. Une pièce unique en son genre en Vendée, le seul phare en mer du département, originellement édifié afin de marquer l’entrée du port avant de devenir un phare de danger (suite à la construction du phare de l’armandèche en 1967).
Début du chantier en 1857
Sa construction débute en 1857 sur le plateau rocheux des petites et grandes Barges à un petit plus de deux kilomètres de la côte. « Dans cette zone on déplorait de très, très, nombreux naufrages. L’ingénieur constructeur fut Charles Marin et Séraphin Chaigneau supervisa les travaux », précise Hervé Retureau. La pierre, du granit, est déchargée aux Sablesd’olonne pour y être façonnée.
Mise en service en 1861
« Le chantier fut titanesque et mobilisa des centaines d’ouvriers oeuvrant dans des conditions parfois extrêmes. Il faut préciser qu’une jetée fut construite avant le phare. Et en 1861, sa mise en service eut lieu », poursuit le président de la société historique Olona qualifiant la réalisation de « véritable prouesse pour l’époque ».
À plus de 24 mètres
Le phare des Barges, plus de vingt-quatre mètres de haut, accueille deux gardiens qui se relayent tous les quinze jours… Ou plus si les caprices extérieurs empêchent un bateau d’accoster. Les hommes occupent une des chambres, profitent d’une cuisine et d’une salle de veille à l’étage supérieur.
Électrifié puis automatisé
L’éclairage fonctionne avec de l’huile végétale puis minérale. Le pétrole arrivera quelques années après.
Suivra la fée électricité avant une autonomisation complète en 1970 (le phare des Barges fut le tout premier entièrement automatisé en France), 1971 voyant les derniers occupants quitter les lieux. Gardien de phare, un métier à part jadis notamment exercé par d’anciens pêcheurs et marins.
Jumelles et mouchoirs
« Le phare tremblait en cas de grosses tempêtes, les murs suintaient et les gardiens devaient passer la serpillière. Ils pêchaient aussi parfois afin d’améliorer leur nourriture quotidienne. Et à cette époque évidemment pas de SMS ou Internet. On rapporte qu’un ancien gardien chaumois équipé de jumelles communiquait avec sa femme, celle-ci faisant des gestes et signes avec des mouchoirs », sourit Hervé Retureau. De quoi se sentir un peu moins coupé du monde et des autres.
Drapeau noir
Sentinelle pour la sécurité des marins et leur faire éviter le danger et l’écueil certes… Mais la sécurité des occupants ? « Quand le drapeau noir était hissé au sommet cela signifiait que quelque chose de très grave s’était déroulé. Les secours alertés à terre se rendaient immédiatement sur place. Enfin, sauf quand les conditions étaient dantesques », poursuit le doctorant à l’université de Nantes.
Monument historique
Le phare des Barges, toujours en activité (portée 13,5 milles, deux éclats rouges toutes les dix secondes) fêta son 150e anniversaire en octobre 2011 gagnant au passage son classement au rang de monument historique.
Dans la classification des phares, le terme purgatoire désigne un phare sur une île, le mot paradis celui à terre et la palabre enfer un autre en pleine mer… Phare des Barges, « phare de l’enfer », une vigie sans-pareille en terre vendéenne…