Mort d’un motard : neuf mois de prison ferme requis pour l’automobiliste
L’imprudence de l’automobiliste est pointée du doigt au tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne. Il avait provoqué le décès d’un motard il y a tout juste un an. Le délibéré sera rendu le 4 avril prochain.
Le décès de Didier Le Brasseur, chef d’entreprise et motard confirmé, avait suscité beaucoup d’émotion aux Sables-d’Olonne et à La Roche- sur-Yon, où sa concession de moto est installée. Il est mort sur la route suite à une collision avec une voiture le 15 mars 2023.
Il est 20 heures, la nuit est tombée. Au guidon de sa moto, « forcément phare allumé » , il quitte le rond-point de Landeronde sur l’ancienne route des Sables en direction des Achards. Pas de trace de freinage avant l’impact à l’arrière d’une voiture qui vient de quitter un stop et roule dans le même sens. L’expert en accidentologie donne une vitesse de la moto à 78 km/h pour 80 km/h autorisé. Devant lui, 300 mètres de ligne droite.
Le conducteur de la voiture, 61 ans, dit « avoir marqué le stop et ne pas avoir vu la moto qui arrivait sur sa gauche » . Il roulait très lentement, 30 à 40 km/h et aurait ralenti pour ramasser un objet placé sur le siège passager, tombé sur le sol.
Si la vitesse était très lente, pourquoi le motard n’a-t-il pas vu la voiture ? Plusieurs automobilistes témoins qui arrivaient en sens inverse sont formels : « La voiture n’était pas éclairée » .
Responsabilité partagée ?
L’automobiliste dit « ne pas encore avoir compris les cause du drame » . Pour le ministère public, Sophie Grellet s’interroge sur le comportement de l’homme : « Vous rouliez très lentement, de nuit, vous avez eu un moment d’inattention, pourquoi ne pas avoir mis vos feux de détresse ? » Pour toute réponse, le prévenu indique « ne jamais rouler vite » . Mais vu la configuration, il y a délit de trop petite vitesse. « C’est une infraction au code de la route » . Sophie Grellet « redoute un nouvel accident » .
Les réquisitions portent sur une peine principale de dix-huit mois de prison dont neuf sous sursis probatoire pendant deux ans. Au titre complémentaire, une annulation du permis de conduire pour cinq ans et un stage de sécurité routière.
La partie civile pointe un comportement « dangereux » avec pour rappel les témoignages « dont l’un est certain » de l’absence d’éclairage de la voiture et « de faits identiques déjà constatés par plusieurs usagers de la route qui connaissent le prévenu » .
Au nom des membres de la famille, la partie civile demande une provision de 2 000 euros pour chacun en attendant le chiffrage définitif des préjudices moraux, également pour la société « Le Brasseur Moto Center » qui compte une dizaine de salariés, « qui a été totalement désorganisée suite au décès du chef d’entreprise » .
La défense met en avant deux arguments pour limiter la responsabilité de l’automobiliste, voire la partager : « Cet homme est prudent. Il s’est engagé sur la route sans avoir vu la moto. Juridiquement, peuton faire porter l’entière responsabilité de l’accident sur mon client ? » . La relaxe est plaidée. « Au plus une peine avec sursis » .
Le délibéré sera rendu le 4 avril.