Les Sables Vendée Journal

Un résident secondaire ne veut pas que la statue d’Ulysse vienne gâcher « sa vue mer »

Un résident secondaire a demandé à la juge des référés du tribunal administra­tif de Nantes, mardi 23 avril, de suspendre en urgence l’arrêté préfectora­l qui a autorisé la statue géante du héros antique Ulysse à «occuper temporaire­ment le domaine public»

- • Guillaume FROUIN

Cette statue en bronze de 750 kg est en fait voulue par le maire Yannick Moreau, qui compte la faire implanter « d’ici la fin du mois de mai » sur « un socle en béton ancré dans les rochers » avant le passage de la flamme olympique dans sa ville, a expliqué l’avocat du plaignant, un habitant d’Angers qui possède une résidence secondaire aux Sables.

Ce dernier redoute que cette « verrue » située « à 109 mètres » de son appartemen­t, dans la résidence des RochesNoir­es, ne vienne gâcher « la vue splendide et extraordin­aire » qu’il a sur la mer. Ce « contribuab­le local » s’émeut aussi du « coût » de cette « entreprise municipale totalement inappropri­ée » sur les finances locales : il est évalué « entre 150 000 et 200 000 € » par la ville. Il demande aussi 2 500 € à la préfecture de la Vendée pour ses frais de justice.

« Il y a un double enjeu de finances publiques mais aussi d’écologie : ce n’est pas une statue mais une verrue qui va venir abîmer de façon pérenne la côte sablaise » , considère Me Louis YarroudhFe­urion, l’avocat du plaignant.

Une statue « qui n’a rien de temporaire »

« Dans ce dossier, on consulte tout le monde, sauf les bonnes personnes : l’architecte des Bâtiments de France (ABF) ne l’a pas été, alors que cette statue sera située à moins de 500 mètres de la Villa Sans-Souci, classée Monument historique depuis 1988 » , a encore ajouté Me Louis Yarroudh-Feurion à propos de cette décision « viciée » contre laquelle « 2 600 personnes » ont signé une pétition. « Le préfet n’applique pas à lui-même les règles de l’Etat de droit... C’est très cavalier. » Ž

La statue d’Ulysse va surtout être implantée « à l’aide de micro-pieux de 1,50 mètre » de profondeur dans le banc rocheux, et « rien n’est évoqué » sur ce point dans l’arrêté préfectora­l litigieux. « Il en va de la protection du littoral, cet écrin que tout le monde aime - peut-être pas le préfet de la Vendée et pas le maire des Sables-d’Olonne » , a grincé l’avocat.

« Pour la culture juridique des maires et des préfets de la Vendée, ils auraient dû demander l’autorisati­on du Comité internatio­nal olympique, dès lors qu’ils rattachent cette statue aux Jeux olympiques » , a-t-il même fait savoir à la juge nantaise avant que cette dernière ne l’invite à « ne pas s’éloigner du sujet » .

Mais « le maire le dit dans la presse locale, et même dans la presse nationale : cette statue a vocation à durer dans le temps, elle n’a rien de temporaire » , a insisté Me Louis Yarroudh-Feurion. « En quoi cette statue qui fait référence à l’Antiquité grecque va oeuvrer au rayonnemen­t des Sables- d’Olonne ? Le personnage d’Ulysse n’a absolument aucun rapport avec l’identité historique de la ville ! » Ž

Dossier « atypique »

La représenta­nte de la préfecture fecturefec­ture de la Vendée a pour sa part simplement rappelé que la statue d’Ulysse serait implantée « pas sur une plage mais sur une zone rocheuse qui n’est pas adaptée à la baignade » . « Les surfeurs ne s’y aventurent pas » , a complété Me Wistan Plateaux ( Publi- Juris), l’avocat de la ville des Sablesd’Olonne dans ce dossier « atypique mais qui ne présente pas de difficulté » sur le plan juridique. Il était accompagné à l’audience d’Armel Pécheul, adjoint au maire des Sablesd’Olonne et professeur agrégé de droit public.

L’avocat de la municipali­té a aussi assumé que la ville « donne une certaine impulsion » à cet « événement historique » que constitue le passage de la flamme olympique, et a tenu par ailleurs à dissiper « les doutes » que la juge nantaise pourrait avoir à propos de « la controvers­e » que le propriétai­re de cette « résidence secondaire » a « essayé de trouver sur les micro-pieux » qui vont être implantés dans le plateau rocheux. « Si doute il devait y avoir, ces travaux présentent un caractère limité » , a rassuré sur ce point Me Wistan Plateaux.

L’avocat estime au demeurant que l’investisse­ur angevin n’a « pas d’intérêt à agir » contre cette décision du préfet de la Vendée, en dépit du fait qu’il possède un appartemen­t dans la résidence des Roches-Noires. « Cela voudrait dire que n’importe quel habitant du Remblai pourrait introduire un recours contre ce type de décision, soit la grande majorité de la ville, alors qu’il n’est concerné que par un microimpac­t visuel... Or, votre jurisprude­nce est très stricte sur ce sujet » , a souligné Me Wistan Plateaux.

L’architecte des Bâtiments de France a au demeurant donné un « avis oral » préalable avant que le préfet ne donne son feu vert, certifie l’avocat de la ville des Sables-d’Olonne. En tout état de cause, le périmètre du Site patrimonia­l remarquabl­e ( SPR) des Sables- d’Olonne a été annulé par le même tribunal administra­tif de Nantes puis la cour administra­tive d’appel de Nantes, a rappelé Armel Pécheul... La juge, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son ordonnance « en fin de semaine » .

 ?? Ville des Sables ?? La statue d’Ulysse doit être installée dans la baie des Sablesd’Olonne d’ici la fin du mois de mai.
Ville des Sables La statue d’Ulysse doit être installée dans la baie des Sablesd’Olonne d’ici la fin du mois de mai.

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