L'Express (France) - Immobilier

GARE À LA SURCHAUFFE

BORDEAUX

-

MALGRÉ DES PRIX EN NETTE HAUSSE, L’EUPHORIE IMMOBILIÈR­E NE RETOMBE PAS. INVESTISSE­URS ET FAMILLES AISÉS S’ARRACHENT LES BIENS DE CENTRE-VILLE. LES PRIMO-ACCÉDANTS, EUX, SE TOURNENT DE PLUS EN PLUS VERS LA PÉRIPHÉRIE BORDELAISE OU LES COMMUNES LIMITROPHE­S.

L’immobilier bordelais bénéficie d’une conjonctur­e favorable. Cela fait trois ans que le marché hexagonal est boosté par des taux d’intérêt d’emprunt exceptionn­ellement bas, vingt- quatre mois que le prêt à taux zéro et le dispositif de défiscalis­ation Pinel encouragen­t les acquéreurs à investir dans la pierre. A ces facteurs nationaux propices à l’accession à la propriété, la capitale de Nouvelle Aquitaine a ajouté sa « Bordeaux touch » : un mélange unique de volontaris­me urbain, de dynamisme économique et de qualité de vie. Celle que l’on qualifiait autrefois de « belle endormie » a donné le jour à un gigantesqu­e centre d’affaires autour de la gare Saint-jean. Elle a réaménagé ses berges et rénové son centrevill­e, depuis classé au patrimoine mondial de l’unesco. Elle a créé des nouveaux quartiers à La Bastide, sur les berges du Lac et le long des anciens bassins à flots. Grâce à la mise en service de quatre lignes de tramway et à la création de deux ponts enjambant la Garonne, elle a facilité les déplacemen­ts de ses habitants et désenclavé sa rive droite. Et ce n’est pas tout ! Forte de quatre université­s totalisant 70000 étudiants, d’un pôle industriel et technologi­que de pointe (Safran, Thales, EADS), d’un port marchand dynamique et d’une économie vinicole prospère ( Vinexpo, le groupe Castel, n° 4 mondial du vin), Bordeaux a su rester une ville où il fait bon vivre : « Ici, on est à deux pas de la Garonne, des vignes, des plages et de l’océan », se réjouit François Soustre, responsabl­e des ventes de l’agence Orpi Bastide. A raison. Dans la plupart des palmarès des villes réputées pour leur qualité de vie (dont ceux de L’express), Bordeaux figure invariable­ment dans le trio de tête, suivie généraleme­nt de Toulouse et de Montpellie­r.

Revers de la médaille : avec une hausse de sa population de plus de 5 % par an depuis dix ans, la demande de logement y est de plus en plus vive – et les tarifs flambent. « Il y a une pression très importante et les prix augmentent », concède volontiers Elizabeth Touton, adjointe à la mairie de Bordeaux en charge de l’urbanisme. « La mise en service, en juillet, de la ligne à grande vitesse (LGV), qui nous relie à Paris en deux heures, ne risque pas de les faire baisser ! » estime de son côté Linda Crespellie­r, directrice d’une agence Caryes Immobilier. Les prix de l’ancien ont déjà grimpé de plus de 7 % l’an dernier, avec une moyenne qui tutoie désormais les 3400 € le mètre carré. Un montant que l’on peut aisément multiplier par deux (voire trois pour les biens d’exception) dans le « triangle d’or » délimité par les allées de Tourny, le cours Georges-clemenceau et le cours

70 000 étudiants sont répartis sur les quatre université­s de la ville.

de l’intendance. Même sur la rive droite, encore boudée il y a cinq ans, les « échoppes » et les maisons individuel­les se négocient rarement à moins de 4000 € le mètre carré, « un chiffre en hausse d’environ 5 % par rapport à 2016 », estime François Soustre, responsabl­e des ventes à Bastide Immo Orpi.

Même constat dans les quartiers sud de Bordeaux, où « l’effet LGV » a fait grimper les prix à des niveaux inconnus jusqu’alors. Rue Grateloup, à deux pas de la station de tramway Bergonié, une échoppe a trouvé un acquéreur à… 3900 € le mètre carré. « Attention à la surchauffe, prévient Me Thibault Sudre, notaire à Bordeaux (voir l’encadré ci- contre). Selon lui, les prix deviennent dissuasifs pour une vaste catégorie d’acquéreurs au budget limité, primo-accédants en tête. » Pour trouver plus abordable, il faut en effet s’éloigner du centre-ville et se diriger vers des quartiers jusqu’alors peu prisés, comme Bacalan, Floirac ou Cenon. Avec un peu de chance et de persévéran­ce, on y déniche encore des maisons avec jardin proposées entre 2500 et 3000 € le mètre carré. C’est peut-être le moment ou jamais de faire le grand saut.

3 900 € le mètre carré pour une « échoppe » rue Grateloup, près du tramway.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France