ES QUATRE VISAGES DE LA CRISE
Emmanuel Macron affronte une épreuve sociale, démocratique, personnelle et politique.
Le président fait face à quatre crises. La première, c’est l’explosion de la fracture territoriale. La deuxième, la remise en question de la démocratie représentative; la troisième, celle du macronisme. Et la dernière, c’est celle du vide : face à lui, pas d’opposition crédible.
Ce qui ressemble à un Mai 1968 2.0, une révolte soudaine et protéiforme sur les réseaux sociaux, commence avec une revendication classique, celle du pouvoir d’achat. L’étincelle, c’est la hausse du carburant. Mais cette étincelle n’est pas une anecdote : c’est parce qu’on habite loin de son lieu de travail, dans des endroits où la voiture est indispensable, que ce pouvoir d’achat s’érode. La question de l’espace, déterminante, délimite cette France périphérique décrite par le géographe Christophe Guilluy, et dont Alain Minc (voir page 52) reprend les analyses. Et voilà la France d’en haut qui approuve le diagnostic du gourou de la France d’en bas! Le constat n’est d’ailleurs pas nouveau : en 1995, Jacques Chirac gagnait l’élection présidentielle en faisant campagne sur la fracture territoriale. Sans parvenir à la réduire, pas plus qu’aucun de ses successeurs.
La deuxième crise est politique : la démocratie représentative est contestée. Les gilets jaunes sont rétifs à toute intermédiation, le pouvoir politique a du mal à trouver des « interlocuteurs responsables ». Les corps intermédiaires classiques que sont les syndicats sont ignorés par le mouvement ; l’organisation