L’association prend forme
Les opposants à la destruction du Tivoli ont constitué une association dont Joël Martin sera le président. Première action : rencontrer les élus et leur proposer plusieurs projets. Puis faire une expertise du site.
Comme prévu, le collectif s’est mué en association jeudi dernier au Cercle Olivier de Clisson lors de l’assemblée générale constitutive. « Plus simple pour nous et pour nos interlocuteurs. Ce statut nous permettant d’avoir une reconnaissance, pour obtenir une salle ou une subvention par exemple, et une existence juridique, » justifiait Joel Martin. Elle a gardé le même nom : « Sauvons le Tivoli ». Certains auraient souhaité « quelque chose de plus positif » et annoncer tout de suite un projet ; mais, par essence, ce dernier n’étant pas défini, cela n’était pas possible.
L’identité reste malgré tout efficace. Car la vingtaine d’adhérents présents ont tous rappelé l’objet premier de la nouvelle structure : éviter la démolition de ce patrimoine né en 1905 des voeux de la petite-fille de Frédéric Lemot. « Il faut être pragmatique. Dans un premier temps, il faut obtenir non seulement la conservation des murs et des façades mais aussi le couvrir pour qu’il soit mis hors d’eau » , insistait le bureau. Sans activité depuis le milieu des années 80, cette propriété municipale a finalement brûlé à la suite de divers squats en 2008. « Mais on n’en a pas l’impression quand on passe devant, observait Thierry Beaudouin, architecte du patrimoine à la retraite. Au contraire, je suis quasiment certain que ce monument est en assez bon état. Les murs ne sont pas fissurés. Il est tout à fait sauvable. Et même, le fait qu’il ne soit pas classé monument historique est une chance pour nous pour avoir une certaine latitude » . L’expert prenait pour comparaison un lieu de villégiature bien plus dévasté devenu une crèche à Brunoy (Essonne) après la mobilisation de la population.
« C’est de toute façon les habitants qui sauvent le patrimoine, » ajoutait Georges Meneux, un des membres actifs. La Garenne-Lemot à Gétigné, promis à du logement, le Prieuré à Clisson ou la chapelle Garreau à Remouillé voués à la destruction, ne doivent leur salut qu’aux défenseurs du patrimoine. Pour l’instant, l’association rassemble une cinquantaine d’adhérents et 300 signataires de la pétition. Mais elle n’aura pas celle de Clisson histoire et patrimoine. Son président Bernard Neau a apporté son soutien mais a refusé d’engager la structure entière. Une décision compréhensible puisque quelques élus ou proches de la majorité y sont membres. « Notre action se porte plus sur la restauration, pas la réhabilitation du patrimoine avec un projet derrière », a-t-il justifié.
« Action 3 du programme du maire »
L’association sait que le sujet est sensible. Le dossier est renvoyé, telle une branche d’épine qui aurait poussé dans le Tivoli, par les municipalités successives. Pour ne froisser personne, l’association a à peine glissé qu’elle s’était constituée suite au projet de réaménagement de la porte Palzaise et les esquisses qui dévoilaient la disparition « d’un des derniers éléments public de l’esprit italianisant de Clisson sur son territoire » , martelait Jean-Pierre Garreau. Une mention absente qu’a déploré Franck Nicolon persuadé que la majorité n’attend qu’un état d’insalubrité assez avancé pour le détruire, prétextant une insécurité, ou de le vendre à un privé. Autre preuve d’ouverture : la place pour un élu de la majorité, absente de l’assemblée, pour y siéger de plein droit sans cotisation. Joël Martin a rappelé l’idée d’aller rencontrer la municipalité. « Ce sera l’une de nos premières actions » , ajoutait-il.
Certains voulaient toutefois arriver avec un ou plusieurs projets dans les mains. Restera à l’association de s’entendre. Théâtre, école de musique, bureau, musée, cité du cinéma…, de nombreux exemples ont été indiqués. « Il faudra bien arriver avec plusieurs projets et les soumettre à la mairie pour qu’elle définisse un coût. Le moins pénalisant » , indiquait Jean-Pierre Garreau. L’investis- sement n’est en tout cas pas programmé dans un mandat qui a déjà engagé beaucoup de projets, dont des imprévus. « Mais celui-là l’était, puisque le point 3 du programme de l’équipe Ensemble pour Clisson était de refaire du Tivoli un lieu de vie » , exprimait un membre de l’association à la mémoire solide. Plus que le vieux patrimoine.