Après le glyphosate, la polémique dicamba
Après le glyphosate, le dicamba. Cet autre herbicide, encore plus puissant, fait polémique aux Etats-Unis. Il est aussi utilisé en France, mais différemment et dans une moindre mesure.
C’est quoi ?
Contrairement au glyphosate, le dicamba est un herbicide sélectif : il ne désherbe pas les graminées mais supprime seulement l’ambroise, le rumex, le chardon, le liseron ou encore la renouée, précise Eric Thirouin, secrétaire général adjoint du syndicat agricole FNSEA. Cette molécule n’est pas nouvelle : utilisée depuis les années 60, elle refait surface en raison des mauvaises perspectives commerciales du glyphosate. Les problèmes de résistances OGM aux Etats-Unis sont en cause. Selon l’Environmental Protection Agency, le dicamba permettrait justement d’éradiquer des plantes indésirables devenues résistantes au glyphosate, selon le site Inf’OGM. D’ailleurs, Monsanto a développé des semences de soja et de coton OGM résistant au dicamba.
Quel est le problème aux Etats-Unis ?
Outre-Atlantique, des dégâts sont imputés au dicamba. Si beaucoup d’agriculteurs américains se réjouissent de son efficacité, d’autres se plaignent de sa volatilité et sa tendance à s’épandre sur les champs voisins, dégradant voire tuant les cultures non OGM, incapables de lui résister. Au total, plus de 2700 réclamations ont été déposées auprès des autorités, selon l’AFP. Des enquêtes ont été ouvertes. Si Monsanto parle d’une mauvaise utilisation du dicamba par ces agriculteurs, des scientifiques pointent la nature même de la molécule, relate Courrier international, qui écrit, citant le Washington Post, que la firme «reconnaît ne pas avoir autorisé d’essais pour le dicamba afin de ne pas retarder son homologation». L’EPA a ainsi interdit son épandage par vent de plus de 16 km/h.
Quid de la France ?
Bruxelles a autorisé le dicamba et la France, sa commercialisation. Mais selon Eric Thirouin, le contexte est différent des Etats-Unis. D’abord parce que «chez nous, les cultures OGM ne sont pas autorisées» et que le dicamba n’assure pas la même fonction qu’aux EtatsUnis, mais aussi parce que les «pratiques ne sont pas les mêmes», vante le responsable de la FNSEA, énumérant des règles d’emploi plus strictes et des techniques plus efficaces. En attendant, certains scientifiques auraient déjà prouvé que l’amarante était capable de développer des résistances au dicamba, selon Courrier international. La course à l’équipement en herbicides semble avoir encore de beaux jours devant elle.
AURORE COULAUD