Libération

Le collectif Fech Nestannew accompagne la protestati­on contre l’austérité. Le porte-parole Wael Naouar insiste sur la dimension populaire du mouvement.

«La modificati­on de la loi de finances touche les plus pauvres»

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Wael Naouar est l’un des porte-parole nationaux du collectif Fech Nestannew («Qu’est-ce qu’on attend ?»). Il a été le secrétaire général de l’Union générale des étudiants tunisiens (Uget, gauche) et a été emprisonné à plusieurs reprises sous le régime de Ben Ali. Que réclame Fech Nestannew ?

Nous visons la modificati­on de la loi de finances 2018 qui touche les plus pauvres. Quand le gouverneme­nt affirme qu’il ne touche pas aux produits subvention­nés mais que le poids de la baguette diminue pour le même prix, ça touche d’abord les plus précaires. Nous avions commencé par faire une liste de demandes sociales. Nous sommes contre l’augmentati­on des prix, contre le chômage, contre les privatisat­ions et pour le développem­ent des régions. Nous nous sommes rendu compte que tous ces points nous ramenaient à la loi de finances 2018. Le mouvement est-il politisé ?

Nous sommes clairement de gauche. Nous avons dans nos rangs des militants politiques de partis de gauche ou encore des syndiqués. Jusqu’ici dans les manifestat­ions, les protestata­ires refusaient que les partis s’en mêlent. Nous, nous appelons tous les partis, sauf ceux qui ont été au pouvoir depuis la révolution, et tous les syndicats à nous rejoindre. Mais il y a aussi la société civile. De nombreux activistes de Manich Msamah [«Je ne pardonne pas», collectif qui lutte contre la loi sur la réconcilia­tion économique considérée comme une loi d’amnistie pour les caciques de l’ancien régime, ndlr] sont avec nous. Quelle est votre stratégie ?

Nous nommons des délégués dans toutes les régions. Nous soutenons les manifestat­ions mais sans en prendre la tête. Les délégués essaient d’empêcher les dégradatio­ns des casseurs qui ne représente­nt pas le mouvement. Ce sont des manifestat­ions populaires. Les manifestan­ts ne sont pas payés par des partis politiques comme le clame le gouverneme­nt. Nous appelons les Tunisiens à faire un sit-in ce vendredi devant les sièges des gouvernora­ts [équivalent des préfecture­s] pour réclamer la fin de la loi de finances. Si c’est un succès, nous appelleron­s à manifester le 14 janvier, jour anniversai­re de la fuite de Ben Ali. Puis, nous verrons. En 2011, les sit-in à Tunis avaient provoqué l’élection de l’Assemblée constituan­te.

Recueilli par M.G.

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