A Paris, Sciences-Po s’offre un campus de luxe dans un bâtiment historique
Des religieux, puis des militaires, et enfin, des étudiants : l’acquisition de l’hôtel de l’Artillerie, bijou du XVIIe siècle, va permettre à Sciences-Po de regrouper ses locaux. L’école a acheté l’édifice au ministère des Armées sans mise en concurrence. Mais pas sans négociations : «Trois ans pour trouver le bon prix, à 93 millions d’euros», résume Charline Avenel, la secrétaire générale de l’institution. Originellement noviciat des dominicains fondé en 1632, le bâtiment a été réquisitionné à la Révolution et consacré à la fabrication d’armes. Après quoi, les militaires y ont logé des services techniques et à partir de 1975, la sûreté militaire. Une fois tout cela déménagé, restait cet élégant (et vaste) édifice au voisinage immédiat de l’école de la rue SaintGuillaume.
Entre le projet d’hôtel de luxe que défendait un grand groupe et l’agrandissement de Sciences-Po, le choix de la municipalité parisienne a été vite fait : «Le campus, c’est Paris», résume Anne Hidalgo. La ville s’est portée garante de l’emprunt de 160 millions d’euros souscrit par l’institution pour cette opération qui reviendra à 190 millions d’euros. Le projet architectural, dû aux équipes de Jean-Michel Wilmotte, de l’agence Moreau-Kusunoki et du cabinet Sasaki, restaurera cet ensemble classé en 1982 et s’appuiera sur trois cours pour y inclure une «maison commune», une bibliothèque et de nombreux espaces souterrains. Ouverture en 2022.
SIBYLLE VINCENDON