Quelle espèce de êtes-vous ?
En voie de fossilisation ou en pleine mutation? Au terme d’une vaste enquête sociologique, «Libération» a analysé vos habitus les plus secrets.
Quelles sont les dernières tendances gastronomiques qui ont reçu vos faveurs ?
Manger à l’aveugle pour de vrai ! Dans un «resto expérientiel» qui vous a fait passer en loucedé une Royco Soup pour un «suprême de crème aux deux rutabagas». Une sorte de Koh-Lanta de la bouffe dont vous êtes sorti transformé, quelque part…
Le come-back du céleri rémoulade et de son camarade le poireau-vinaigrette, humble et inébranlable dans sa gamelle en émail. Soit les grands standards des bistrots populaires, enfin reconsidérés à leur juste valeur : celle de la pertinence gustative sans afféterie, contre les chichis de ces pétasses de verrines branchées des années 2000.
«L’arrivée de la tomate est un rendez-vous. L’arrivée de l’asperge est un rendez-vous», aime rappeler Alain Passard (photo), le grand chef de la saisonnalité. Que dire de plus ? Lors d’un week-end «escapade», qu’allez-vous visiter ?
L’architecture brutaliste et trop longtemps méprisée du Havre pour célébrer le retour de hype d’Auguste Perret. Et aussi l’église Saint-Joseph, pour y compter l’absence de pilier en chantonnant Laisse béton de Renaud.
Le show smurf de Christophe Barbier pour l’inauguration du nouveau toboggan aérodynamique de l’Aquaboulevard de BalardBeaugrenelle.
Le pont d’Avignon, que vous n’avez jamais le temps de contempler en été. Vous aimez les chansons de France Gall, même si…
Vous déplorez que Résiste et son injonction à la combativité fasse finalement plus l’éloge de la win macronienne que celui d’un réel sursaut citoyen.
Vous préférez la variète française des années 80 quand elle est twistée par l’humour et l’electro des Flavien Berger, La Femme ou Juliette Armanet.
Si maman si et Evidemment, ça pète clairement l’ambiance. Dimanche, 17 heures. Il pleut dehors. Il fait gris dedans. C’est le moment… De s’initier à la méthode Feldenkrais et au Body Mind Centering.
De relire le Théâtre des idées d’Antoine Vitez. D’ouvrir la seconde bouteille de Corton-Charlemagne 2004. Quel réseau social fréquentez-vous ?
Twitter, même si le média implique par sa nature une binarité périlleuse pour la qualité républicaine des débats.
Facebook, où vous réjouissez vos «friends» en multipliant les gifs de Vladimir Poutine torse nu (photo) chevauchant un espadon, et pastichez les tweets enflammés de
Pinterest, où vous épinglez régulièrement les plasticiens Mike Kelley ou Bertrand Lavier, et créez des morphings déconstructivistes des posts de se moquant des tweets de La dernière fois que vous êtes allé au théâtre, c’était…
Pour une tentative de désossement du film la Chèvre (photo) qui aurait presque été drôle si elle avait gagné en épure.
Au théâtre berlinois de la Schaubühne, récemment investi par des militants, lanceurs d’alerte et intellectuels de tous pays, sous l’égide du metteur en scène Milo Rau.
Rapide, car après avoir croisé Vavotte dans le hall, vous avez tous deux fait demi-tour pour boire un verre dans la brasserie d’à côté. A la télé vous êtes… Top chef.
Top of the Pops. Top of the Lake. Au marché, par les flux d’odeurs alléché, vous achetez…
Un parfum bien capiteux ambiance Bianca Castafiore.
Un brin de muguet (photo), puisque nous sommes le 1er mai et que vous en profiterez pour faire une dissertation de quatre heures, devant ce pauvre fleuriste, sur les racines celtes et romaines de cette tradition ancestrale politiquement récupérée.
Deux crevettes – après vous être assuré qu’elles avaient signé une décharge expliquant qu’elles n’avaient pas été torturées. C’est Noël ! Pour amuser votre petit neveu, vous vous déguisez…
En Malraux (photo), costume sombre du discours du 14 juillet 1958, «Survivants de la Marne et de Verdun, soldats des dernières batailles…».
En Anne Teresa De Keersmaeker. Avant de l’incendier quand il vous avoue qu’il ne sait pas qui c’est.
En Bilbo Sacquet, le hobbit du Seigneur des anneaux. Ce que vous appréciez dans un théâtre, c’est…
L’épure de certaines salles modulables, comme à la MC93 de Bobigny ou au Théâtre de Chaillot (même si la programmation vous paraît «limite TF1»).
Quand certains spectateurs perdent patience et hurlent en se traitant de sac à merde (devant des pièces de Maguy Marin). Et la façon assez incroyable dont les toux se répandent comme par contagion quand on éteint les lumières.
La communion des spectateurs, quand la magie de la pensée en marche opère. Pour vous, un bon titre de comédie, c’est…
Et si c’était une comédie ? Come, Eddy !
«Ha ha ha», dit-elle.