L’ESTHÈTE HIPSTER
Bertolt Brecht? Vous lui roteriez votre lait d’amande bio au visage pour avoir donné la mauvaise idée à tant d’enragés de monter ses textes devant des salles de spectacteurs sans défense. Vous préférez encore mille fois communier avec l’humour
«kikapété» de Cyril Hanouna qu’avec le «théâââtre» déclamatoire englué dans les codes formels du passé qui, pendant toute votre scolarité, vous a pulvérisé d’ennui contre votre siège. Vous avez donc fini par délaisser les salles de théâtre pour les galeries d’art contemporain… jusqu’à ce que vous vous fassiez atomiser d’émotion par la radicalité poétique des performances de Jan Fabre. C’est la découverte, alors, de toute une frange de la création scénique, plus «post-dramatique», souvent conceptuelle et plasticienne. Aujourd’hui, vous avez trouvé refuge dans la très underground Ménagerie de verre à Paris, au Vivat d’Armentières (où vous croisez souvent et aux Amandiers, à Nanterre – un phare dans la nuit – en quête d’expérimentations formelles, de détournements futés, d’épure chorégraphique et de théâtre décoincé.
Une devise :
«Cette performance chorégraphique, elle m’ayurvédise.»
Sélection spéciale :
Louis Vanhaverbeke, jeune performeur flamand pour lequel vous vous déplacerez à Armentières. L’opéra Only the Sound Remains de Kaija Saariaho. Philippe Quesne, avec deux pièces cultes qui fêtent leurs 10 ans. Et, comme Ivana Müller, à qui le Centre chorégraphique du Havre consacre un focus, et dont vous espérez chaque année, en vain, la consécration sur des scènes plus repérées.