Convergence des luttes : journée test pour la CGT
LAURENT WAUQUIEZ
«Une première journée de convergence des luttes», c’est ce que promet la CGT ce jeudi en proposant «un grand rendez-vous d’actions interprofessionnelles et unitaires.» L’idée : «Articuler les différents mouvements sectoriels dans un temps fort», précise Fabrice Angei, du bureau confédéral de la CGT. Retraités, employés des Ehpad (les maisons de retraites médicalisées), fonctionnaires, cheminots, personnels de Carrefour mobilisés contre le plan social annoncé par le groupe, étudiants : tous sont invités à se mettre ensemble en mouvement pour réclamer une «alternative de progrès social», une amélioration du pouvoir d’achat, le développement de l’emploi de qualité, la réduction du temps de travail à 32 heures… Des revendications qui seront notamment portées à Paris, où un cortège partira de Montparnasse à 14 heures, pour rejoindre la place d’Italie. Annoncé le 22 mars en solitaire par Philippe Martinez, le numéro 1 de la CGT, le rendez-vous n’a pas convaincu les dirigeants de FO et de la CFDT, qui ont depuis fait savoir que leurs syndicats n’y participeraient pas. «Je ne vois pas pourquoi on irait. On n’a pas l’habitude de répondre à des convocations. Quand il y a des initiatives de ce type, on en discute avant», s’était agacé JeanClaude Mailly, de FO, dans la foulée de l’annonce. Pourtant, «la CGT n’a rien imposé», assure Fabrice Angei. En plus des cheminots, qui sont en grève ce jeudi, la CGT pourra compter sur un renfort de la RATP, où quatre syndicats (CGT, SU, Unsa et FO) ont lancé un appel à la grève. De quoi nuancer l’isolement de la CGT dans sa stratégie et favoriser la «généralisation de la grève», espère Fabrice Angei. Le mouvement devrait néanmoins être modérément suivi, selon la direction de la RATP, qui annonce des perturbations limitées, principalement sur les lignes A et B du RER. Et ce, alors que le taux de cheminots grévistes est à la baisse (19,8 %, contre 33,9 % le 3 avril). Néanmoins, difficile pour l’heure d’imaginer qu’un mouvement social interprofessionnel puisse naître de l’initiative de la seule CGT. D’autant que la dernière mobilisation interprofessionnelle en date, celle du 16 novembre, a pu laisser un goût amer, puisqu’elle n’a pas réussi à faire plier le gouvernement et sa réforme par ordonnances du code du travail.
Surtout, les autres syndicats n’en veulent pas vraiment. Partante pour organiser un défilé unitaire pour le 1er mai, la CGT a reçu une fin de non-recevoir. Comme la CFDT, FO est plutôt réfractaire à l’idée d’une convergence des luttes. Mais pour combien de temps? Car l’arrivée de Pascal Pavageau, qui sera élu le 27 avril à la tête de FO à la place de JeanClaude Mailly, pourrait s’accompagner d’un changement de ton. Le 13 avril, sur Twitter, il annonçait la couleur : «A tous ceux qui se mobilisent pour une juste répartition des richesses, pour garantir nos statuts et droits collectifs […], j’apporte mon soutien plein et entier.» Un discours plus compatible avec celui de la CGT.
AMANDINE CAILHOL