Borloo reprend ses quartiers
En retrait de la vie politique depuis quatre ans, l’ancien ministre revient sur le devant de la scène, suscitant des espoirs et quelques critiques. Missionné par Macron, il devrait rendre la semaine prochaine ses propositions pour les quartiers populaires
De ses longues années chez les scouts, qui le feront passer totalement à côté de Mai 68, JeanLouis Borloo a conservé un savoir-faire relativement unique : démarrer un feu avec une seule allumette. De lui, l’ancien député communiste du Nord Alain Bocquet avait coutume de dire aussi qu’il savait remplir une baignoire de mousse avec 3 grammes de savon.
Une propension à la bidouille et au tapage médiatique qui s’avèrent fort utiles dans sa dernière mission en date : la «réconciliation nationale» entre le pays et ses banlieues. Face à la colère des maires gérant des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) qui couvait depuis la fin de l’été, Macron est allé chercher une icône : le 14 novembre, il a chargé l’ancien avocat d’affaires devenu ministre star des années 2000 de pondre des propositions pour renouer le lien avec les quartiers populaires, qui ne cesse de se distendre depuis la présidentielle. Dans les années 90, Jean-Louis Borloo a remis Valenciennes sur pied grâce à un cocktail détonant de destruction de barres d’immeubles, rénovation du centre-ville et construction de tram ou d’équipements culturels. Et une consécration: l’installation d’une usine Toyota sur son territoire, créant d’un coup 4 000 emplois. Auréolé de ces succès locaux –le chômage est passé de 20 % à 14 % en treize ans dans sa ville –, Borloo prend alors les rênes du ministère de la Ville sous Chirac et lance une nouvelle phase de rénovation urbaine à l’échelle du pays, avec la création de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). En mode bulldozer, sa marque de fabrique, agrégeant les milliards d’euros et lançant la réhabilitation de dizaines de quartiers.
DOUDOU
Deux quinquennats plus tard, c’est ce programme qui est à bout de souffle, provoquant un découragement total et inédit chez des édiles qui se vivent en «premiers de tranchées». A des annéeslumière des «premiers de cordée» si chers au chef de l’Etat. Pendant la campagne présidentielle, la vision entrepreneuriale de la banlieue (et de la diversité) du candidat Macron avait décoiffé plus d’un maire. Mais au moins, pensaientils, le volontarisme semblait de retour. Depuis, la suppression de nombreux emplois aidés, la baisse des APL pour boucler le premier budget du quinquennat et la distance (au mieux) du gouvernement vis-à-vis des quartiers populaires ont décuplé le sentiment d’abandon. Avant Macron, ce sont les maires de banlieue qui ont appelé Borloo à la rescousse, le conviant à leurs états généraux de l’automne qui ont débouché sur un appel à l’aide – «l’appel de Grigny» – pour les banlieues. La pression politique et médiatique montait d’un cran d’un coup. Un petit mois plus tard, à Tourcoing, le chef de l’Etat promettait donc le «retour de l’Etat» dans tous les QPV, le retour des emplois francs, mais surtout