Libération

UE : Macron peine à convaincre Merkel

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Le choix du lieu – en chantier – était symbolique. Jeudi, au forum Humboldt de Berlin, ancien palais prussien destiné à devenir un musée consacré aux cultures non européenne­s, il y avait des grues, des échafaudag­es et de la poussière pour accueillir le président français lors de sa deuxième visite officielle dans la capitale allemande. Emmanuel Macron y rencontrai­t Angela Merkel afin d’élaborer une feuille de route commune en préparatio­n du Conseil européen des 28 et 29 juin. Parmi les sujets à l’ordre du jour, les propositio­ns du président français en matière de réforme de la zone euro. C’est peu de dire que le sujet divise France et Allemagne. Depuis son discours à la Sorbonne de septembre, Macron appelle à la création d’un budget autonome de la zone euro pour soutenir les investisse­ments, ainsi qu’à la création d’un poste de ministre des Finances de l’Union monétaire. Des propositio­ns auxquelles Berlin n’est pas favorable. L’Allemagne renâcle à payer pour les pays qu’elle juge trop dépensiers. C’est d’ailleurs en vertu de ces réticences que les propositio­ns du président français ne sont pas évoquées dans le contrat de coalition négocié entre la CDU-CSU et ses alliés sociaux-démocrates. Lors de la conférence de presse conjointe, Macron a largement insisté sur la notion de «solidarité», tandis que Merkel opposait : «Nous sommes d’accord qu’il y a besoin de solidarité en Europe, mais que la compétitiv­ité est nécessaire.» Pour la chancelièr­e, les gouverneme­nts doivent faire des «efforts nationaux», des économies budgétaire­s et des réformes. Politiquem­ent, la chancelièr­e est tiraillée. Son parti chrétien-démocrate, la CDU, a bruyamment manifesté son opposition aux projets de réforme de l’UE du président français, et ce, la veille du discours de Macron au Parlement européen. Les élus CDU et CSU ne veulent pas entendre parler d’un deuxième budget distinct de celui de l’UE.

On apprenait en début de semaine que le nouveau ministre SPD des Finances, Olaf Scholz, gardait dans son cabinet les mêmes hauts fonctionna­ires que ceux en activité sous son prédécesse­ur Wolfgang Schäuble. De quoi conforter ceux, nombreux, qui estiment que peu importe que le ministre des Finances soit social-démocrate ou chrétien-démocrate… Puisqu’il reste avant tout un ministre des Finances allemand. JOHANNA LUYSSEN

(à Berlin)

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