Après Solférino, le PS atterrit à Ivry
Il faudra encore un peu attendre pour connaître le surnom du futur nouveau siège du Parti socialiste. Une chose est sûre, après «Solfé», dans le riche et chic VIIe arrondissement de Paris, la formation au poing et à la rose va s’installer derrière le périphérique, dans la commune (PCF) d’Ivry-sur-Seine (Val-deMarne). «On va aller à Ivry», affirme sans ciller un membre de la nouvelle direction à Libé, confirmant plusieurs articles. Ce dernier précise que la décision sera officialisée «dans une dizaine de jours». «On fait des vérifications sur les sites : travaux, notaires, archis…» explique un autre haut responsable, qui prend soin de tempérer les ardeurs des journalistes. Le temps, surtout, d’en informer les instances représentatives du personnel, obligation légale en cas de déménagement de ce type. Le nouveau siège sera un espace moderne de 1 300 m² doté notamment d’une salle pour les conseils nationaux du parti (ce qui évite des coûts supplémentaires de location de salle, le PS ayant l’habitude d’organiser ses conseils nationaux à la Maison de la mutualité ou celle de la chimie, dans le centre de Paris…) et moins de 200000 euros de frais de travaux… Le lieu aurait aussi l’avantage d’être disponible dès septembre, date à laquelle l’hôtel particulier du 10, rue de Solférino, doit être libéré pour son nouveau propriétaire.
«On ne va pas se mettre dans le rouge pour rester dans le coeur de Paris, notamment si on veut conserver des moyens pour mettre sur pied le parti que nous voulons», justifie un élu. Mais la sortie de Paris du PS en direction du Val-deMarne ne va-t-il pas symboliser un peu plus l’éloignement de ce parti des lieux de pouvoir et une rétrogradation physique après les 6 % de Benoît Hamon à l’élection présidentielle ?
Les pro-Ivry de la direction socialiste précisent que le futur lieu se situe «juste derrière le périphérique» et est desservi par le métro et le RER C (direct pour se rendre à l’Assemblée). Certains feront aussi valoir que la sortie de Paris, pour un PS jugé «embourgeoisé» par le reste de la gauche, est symbolique d’une volonté de reconquérir les classes populaires. «Et puis c’est à dix minutes à vélo de la gare d’Austerlitz, cinq minutes en bus de la station François-Mitterrand. Ce n’est pas non plus le diable Vauvert!» tempère ce même dirigeant. Après trente-huit ans passés à «Solfé», le PS va donc atterrir sur une terre électorale conquise l’an dernier par les insoumis de Mélenchon et dans un département et une municipalité dirigés par le PCF depuis le congrès de Tours. A deux ans du centenaire de la séparation entre communistes et socialistes, les références à la «réunification» des deux grandes familles de la gauche française seront faciles.
LILIAN ALEMAGNA