Libération

«On voulait que ce soit le point d’orgue de nos vies militantes»

Quatre couples mariés dès 2013 racontent à «Libération» le jour de leur union et comment ils ont ouvert la voie auprès de leurs amis homosexuel­s.

- Suite page 4

Le 23 avril 2013, les députés adoptaient définitive­ment la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe, dite loi Taubira. Après des centaines d’heures de débats douloureux, marqués par la libération d’une parole homophobe décomplexé­e dans les rangs de la droite conservatr­ice, les gays, les lesbiennes et les bi se sont approprié cette institutio­n dont ils étaient autrefois exclus. Ils fêtent cette année leurs noces de bois. Mêmes droits, mêmes cérémonies ?

JEAN-MARC ET ALAIN

62 ans et 77 ans, cheminot et commerçant retraités, Fossoy (Aisne), mariés le 31 août 2013 «Nous avons été les premiers mariés de la vallée de la Marne après avoir été les premiers pacsés du départemen­t, en 1999. A l’époque, c’était le seul moyen pour se protéger d’un pépin. Si Alain mourait, les frais de succession ne m’auraient pas permis d’hériter de lui. Avec le mariage, on est donc plus tranquille­s. Nous souhaition­s nous unir le 22 juin pour fêter l’anniversai­re de notre rencontre, mais deux de nos témoins ne pouvaient pas car ils sont profs et cela tombait au moment du bac.

«Pour conclure des années de combat, nous avons demandé à nos invités, des élus, des amis, et tous ceux qui nous ont soutenus, de faire 200 mètres de marche tous ensemble jusqu’à la mairie le jour de la cérémonie. Mon mari a longtemps été au Syndicat national des entreprise­s gaies, le Sneg, on faisait cinq à six Gay Prides chaque année, donc on voulait que ce mariage soit le point d’orgue de nos vies militantes. C’était un geste symbolique qu’un ami membre du choeur de l’Armée française a ponctué par un Hymne à l’amour un peu revisité à faire pleurer l’assistance. La fête, elle, était ordinaire, pas comme celles des jeunes de 20 ans. Aujourd’hui, cela fait vingt-sept ans que l’on est ensemble, se marier c’était donc signer un contrat de longue durée : il y a des couples qui ne tiennent pas autant.»

ÉMILIE ET AUDREY

37 ans et 39 ans, enseignant­e et infirmière libérale, deux enfants de 3 et 5 ans, Bordeaux

E. : «Avec Audrey, on s’est rencontrée­s en discutant sur un site début 2008. On ne cherchait pas l’amour. Il nous a embarquées. L’idée d’engagement était claire dès le départ. On s’est fait tatouer une alliance sur l’annulaire gauche, avec le prénom de l’autre en écriture japonaise, pacsées dès la fin 2008. Le mariage n’existait pas. Mais quand François Hollande

 ?? RODOLPHE ESCHER ?? Audrey et Emilie, jeudi à Bordeaux.PHOTO
RODOLPHE ESCHER Audrey et Emilie, jeudi à Bordeaux.PHOTO

Newspapers in French

Newspapers from France