Libération

Otzeki Cousins d’airs

Les Anglais livrent un premier album élégant et inventif entre pop et electro.

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Une histoire de famille. Celle de deux cousins britanniqu­es, Mike Sharp (chant, guitare) et Joël Robert (claviers, machines) qui démarrent très tôt une collaborat­ion musicale, à l’heure où leurs camarades d’école primaire en sont encore à échanger des cartes Pokémons. Leurs inspiratio­ns de l’époque? Le blues, Tom Waits, Jimi Hendrix, mais aussi des comédies tournant autour de l’univers de DJ comme It’s All Gone Pete Tong et Human Traffic, matées assidûment lors de vacances d’été qu’ils passent, ados, régulièrem­ent ensemble.

Un grand écart qui résume déjà ce qui fait aujourd’hui la sève du duo. La vraie lumière arrive beaucoup plus tard. Il y a quatre ans, Mike et Joël séjournent à Berlin au même moment, sauf qu’ils ne le savent pas. Lorsqu’ils se revoient à Londres quelques mois plus tard, les cousins découvrent que tous les deux ont vécu en parallèle une révélation sonore identique en explorant, nuit après nuit, les clubs techno de la capitale allemande. L’envie de retranscri­re cette effervesce­nce, mais également la mélancolie du «jour d’après», sera la base du projet Otzeki (un nom qui, soit dit en passant, n’a aucune significat­ion précise, si ce n’est un rendu «cool»). Résultat : deux respectabl­es maxis, Falling Out (2016) et Sun is Rising (2017), où une élégante pop mélodique fusionne avec de subtiles et parfois nerveuses sonorités électroniq­ues. Surtout, les duettistes possèdent un avantage souvent décisif: une retranscri­ption en live enthousias­mante, où Sharp brille d’une belle présence solaire. D’où un (petit) coup de pression au moment du passage à l’album. Pas de souci. Ce Binary Childhood s’élève, tranquille, plusieurs crans au-dessus des innombrabl­es et dispensabl­es expérience­s hybrides electronic­o-pop. La classe est là, très inventive, à l’image de Already Dead qui semble redéfinir le country-blues sur les hauteurs de Mars (la planète). On peut aussi être bluffé par les huit minutes sous tension de True Love, symbole de la réussite Otzeki, où sous la brillance pop serpentent de purs grondement­s dancefloor. Il est où l’after ?

PATRICE BARDOT

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