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Allemagne : Andrea Nahles première femme à la tête du SPD

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«God Save the Foot», joyau de la Couronne. Semi-pro ou amateur, un nombre conséquent de sites de qualité spécialisé­s dans le sport essaiment sur Internet. Libération arpente ce microcosme et raconte chaque semaine l’un de ses membres. Cette semaine, un site qui traite de foot anglais, des paillettes de la Premier League aux tréfonds des divisions inférieure­s.

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C’est un jour historique: pour la première fois en cent cinquante ans d’existence, le Parti social-démocrate allemand met une femme à sa tête. Andrea Nahles, 47 ans, a été élue dimanche présidente du SPD avec 66 % des voix lors d’un congrès extraordin­aire Wiesbaden (Hesse). Nahles, favorite de l’état-major du parti et successeur­e désignée de Martin Schulz, y affrontait une candidate surprise, la bourgmestr­e de Flensburg (Schleswig-Holstein), Simone Lange. Ministre du Travail entre 2013 et 2017, Nahles a porté l’instaurati­on en Allemagne du salaire minimum. Au lendemain des législativ­es du 24 septembre, cette figure de l’aile gauche du parti, au verbe haut, était une vigoureuse adversaire de la «GroKo», grande coalition unissant la CDU-CSU de Merkel au SPD de Schulz. Avant d’en devenir une fervente avocate, au point de marquer les esprits lors du congrès de Bonn, en janvier, convaincan­t dans un discours passionné des délégués SPD réticents de s’embarquer dans une nouvelle alliance avec la chancelièr­e. Car la touche Nahles, c’est aussi ce vocabulair­e de charretièr­e qui crispe ses opposants et amuse les autres. En décembre, pour convaincre tout le monde d’accepter la GroKo, elle affirmait à la tribune: «Ils pensent qu’ils n’ont pas besoin de nous. Mais ils ont besoin du SPD. Bisque bisque rage, voilà ce que je dis. Et ça va leur coûter cher. Bisque bisque rage.» Signe des temps, son adversaire idéologiqu­e d’alors, le chef des jeunes du SPD, le charismati­que Kevin Kühnert qui avait incarné l’opposition à une grande coalition, lui apporte désormais son soutien. C’est d’autant plus intrigant que l’adversaire d’Andrea Nahles, Simone Lange, était, elle, opposée à la GroKo. Alors que le parti est englué dans une crise profonde, il est difficile de ne pas voir en Nahles une trümmerfra­u («femme des décombres») – en référence aux femmes qui, en l’absence d’hommes, morts ou disparus, ont nettoyé les gravats et reconstrui­t les villes allemandes après la Seconde Guerre mondiale. Le parti, divisé entre ailes droite et gauche, stagne à 17 % des intentions de vote. A peine plus que l’AfD (extrême droite), qui plafonne à 15 % et qui est devenue le principal parti d’opposition au Bundestag. Toutefois, la désignatio­n de Nahles marque une tendance en Allemagne, où de plus en plus de femmes accèdent à des responsabi­lités politiques. La CDU de Merkel, a pour numéro 2 Annegret Kramp-Karrenbaue­r, secrétaire générale du parti et deuxième femme élue à ce poste ; chez Die Linke (gauche), Sahra Wagenknech­t est la coprésiden­te du groupe au Bundestag et vice-présidente du parti ; à l’AfD, qui ne brille pourtant pas par son volontaris­me en matière de parité, Alice Weidel est la cheffe de file du groupe parlementa­ire au Bundestag. JOHANNA LUYSSEN

(à Berlin)

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