Libération

EN IMMERSION

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pays où les relations sexuelles hors mariage sont passibles d’emprisonne­ment. Les dérapages incontrôlé­s des danseurs de Climax – réalisé par Gaspar Noé – sous l’emprise d’une mystérieus­e drogue poussent une mère attentive à enfermer son gamin dans un placard électrique dont elle perd la clé tandis qu’une danseuse donne un grand coup de pied dans le ventre d’une femme enceinte. Une image récurrente du Poirier sauvage, de Nuri Bilge Ceylan, résume les échecs et renoncemen­ts d’un des personnage­s éternel joueur et perdant, que ses parents avaient oublié enfant dans son panier-berceau les jours de moisson, le retrouvant recouvert de fourmis. Le serial killer de Lars von Trier (The House that Jack Built) estimant que l’éducation porte rarement ses fruits, administre une dernière leçon à ses deux fils en les butant au fusil à lunette. Alors que le Festival de Cannes s’est toujours montré très frileux face à la VR (réalité virtuelle), faut-il voir une réponse du cinéma à cette nouvelle forme d’images dans la façon dont de nombreux réalisateu­rs envisagent leurs films comme des expérience­s immersives ? D’un côté, l’increvable académisme post-Rosetta du réalisme coup-de-poing, en simili-temps réel et à caméra portée-gigotée d’Ayka de Sergueï Dvortsevoy, collant à la nuque d’une jeune ouvrière kirghize malmenée de toutes parts, de One Day de Zsófia Szilágyi, compilant en un jour tous les tracas d’un mois de la vie d’une mère de famille de Budapest, de Capharnaüm de Nadine Labaki, pesante traversée de la misère des rues de Beyrouth à hauteur d’enfants et, last but not least, d’En guerre de Stéphane Brizé, nous projetant, caméra sur la tempe, dans le tumulte d’une lutte syndicale. De l’autre côté du réel, l’immersion s’apparente à un trip, à

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