Libération

Cannes à l’oeil

- Par JULIE BRAFMAN Photos OLIVIER METZGER

Pendant deux semaines, ils ont trimballé leurs lourdes valises noires d’un bout à l’autre de la Croisette, nous rejoignant parfois en courant et haletants. Ce sont eux les discrets auteurs des portraits cannois de Libé, dix-neuf rencontres festivaliè­res capturées dans un boîtier, celui d’Olivier Metzger, photograph­e, accompagné par son assistante, Rosanna Tardif. Un tandem de gentilless­e capable d’adoucir les plus frileux et de convaincre les plus rétifs de se plier à leur imaginatio­n, de les suivre le temps d’un instantané un peu déluré. A chaque fois, c’est le même rituel : il faut trouver l’endroit stratégiqu­e pour planter les lumières. La tâche est loin d’être aisée car la plupart des interviews ont lieu sur des toits terrasses standardis­és ou des plages encombrées par les concurrent­s. Comment travestir la banalité? Comment trouver l’inédit dans un cadre mille fois exploité ? Ça commence généraleme­nt par une petite grimace d’Olivier Metzger à la vue du décorum avant que son visage ne s’illumine au moment de l’idée de génie. Le photograph­e a ainsi délaissé un photo-call déprimant pour attirer Scorsese dans un recoin face à un miroir (et l’immortalis­er en un temps record de trente secondes tandis que l’attaché de presse tenait le chronomètr­e). On se souvient aussi de ce mur bleu turquoise devant lequel il a fait poser Zhao Tao telle une diva en robe blanche, de ce carré à bulles près de la piscine du Majestic sur lequel il a demandé à Nadine Labaki de s’allonger, de la petite terrasse de café insignifia­nte où s’est installé Cassandro the Exotico, le catcheur gay mexicain. Ou encore de l’éclat de rire de Jim Cummings assis comme un gosse dans le sable sans songer un instant à son costume chic, de Terry Gilliam hurlant «die, die !» en simulant un combat invisible armé de pales de moulin fluorescen­tes. On se souvient du happening de Daniel Schmidt et Gabriel Abrantes qui ont décidé de se couper les cheveux sous les projecteur­s, de l’acteur Teo Yoo, sublime, assis dans une drôle de bulle en pleine rue. Finalement, on se souvient que tous, de la plus grande star aux plus jeunes acteurs et cinéastes, sont repartis le sourire aux lèvres.

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Martin Scorsese, Nadine Labaki (ci-dessous) et Cassandro the Exotico (ci-contre).
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 ?? (ci-dessous). ?? Terry Gilliam (ci-contre) et Golshifteh Farahani
(ci-dessous). Terry Gilliam (ci-contre) et Golshifteh Farahani
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