Le chercheur spécialiste de la Corée du Nord Antoine Bondaz estime que s’il ne fallait pas trop attendre de l’accord signé par Pyongyang et Washington, les concessions américaines, sans la moindre contrepartie, restent surprenantes.
«Kim Jong-un a gagné une stature internationale»
Antoine Bondaz est chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences-Po. Comment juger cette première rencontre entre Donald Trump et Kim Jung-un ?
Elle a donné lieu à une déclaration d’intention qui fixe un cadre pour des négociations futures. Mais ce n’est pas un accord technique programmant la dénucléarisation. En si peu de temps, on ne pouvait pas obtenir grand-chose d’autre. Cette première étape fait la part belle à la diplomatie plutôt qu’à l’action militaire. Il faut s’en réjouir. Ça permet de réduire les tensions. La déclaration commune est moins contraignante que certains accords antérieurs qui n’ont pas abouti. Si la rencontre est historique, l’accord ne l’est pas.
Dans ce cas, a-t-on aujourd’hui une chance de parvenir à une dénucléarisation ?
Ces dernières années, la Corée du Nord a considérablement développé ses capacités nucléaires et balistiques. Au point de les institutionnaliser, notamment en révisant la Constitution en 2012. Elle est dans une position où elle est beaucoup moins susceptible de se dénucléariser qu’il y a quelques années. Mais il faut rester optimiste : si on peut négocier au moins un gel du programme nucléaire, ce sera déjà une bonne chose. Mais il est trop tôt pour évoquer une vraie dénucléarisation, d’autant que l’accord demande simplement qu’elle soit «complète», sans inclure les termes «vérifiable et irréversible». Avec les réseaux de tunnels et les différents sites, les vérifications sur le terrain ne s’annoncent-elles pas compliquées à mener ?
Les concessions de la Corée du Nord ne sont que partielles et réversibles. Le site d’essai de Punggye-ri n’a pas été détruit, seulement ses tunnels d’accès, de façon très symbolique et