AÉROPORTS DE PARIS
Après un tour de chauffe avec la vente des aéroports de Nice et de Lyon, l’Etat s’apprête à céder une partie ou la totalité de ses 50,6 % d’Aéroports de Paris (ADP). Cette entreprise, cotée à Paris, exploite les aéroports de Roissy, Orly et Le Bourget et possède plusieurs milliers d’hectares de terrain attenants aux aérogares.
Comment va l’entreprise ?
ADP a réalisé l’an passé 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et accueilli 101,5 millions de passagers. En situation de monopole, les aéroports parisiens ne connaissent pas la crise, d’autant que le transport aérien mondial progresse en moyenne de 5 % par an. En 2017, ADP a engrangé 571 millions d’euros de bénéfice net. Au fil des ans, les aérogares se sont transformées en gigantesques centres commerciaux. Les locations d’espaces aux grandes marques de luxe et de restauration représentent désormais un tiers du chiffre d’affaires.
Que veut faire l’Etat ?
Au cours actuel de l’action ADP, la participation de l’Etat est valorisée à 9,5 milliards d’euros. Bercy doit néanmoins surmonter un écueil avant de vendre : l’important patrimoine foncier d’ADP ne peut être cédé définitivement à un actionnaire privé, compte tenu de la localisation stratégique de ces terrains, L’Etat a donc imaginé un système dans lequel sa participation sera vendue comme une concession à durée limitée. En l’occurrence, soixante-dix ans. A son issue, l’Etat redeviendra propriétaire des actions qu’il a vendues. En outre, pour éviter que les tarifs des droits d’utilisation des pistes, facturés aux compagnies, ne s’envolent, la puissance publique examinera tous les cinq ans l’évolution des tarifs pour les prestations facturées. Une contrainte qui selon plusieurs sources interrogées par Libération favoriserait le géant du BTP Vinci, candidat déclaré au contrôle d’ADP. Les fonds d’investissement sur les rangs pourraient, eux, être gênés par ce contrôle quinquennal.
Quels sont les risques ?
Les aéroports parisiens sont une porte d’entrée sur l’Hexagone. Leur qualité de service est un élément de notre attractivité, aussi bien pour les touristes que pour les investisseurs. Au cas où ADP ne tiendrait plus son rang, il pourrait perdre sa place de 9e plateforme mondiale. Les compagnies mécontentes de Roissy pourraient choisir de privilégier leur desserte d’Amsterdam ou de Francfort. Aux EtatsUnis, où sont localisés trois des dix plus grands aéroports mondiaux, le choix constant du gouvernement fédéral a été de les maintenir dans le giron de l’Etat.
FRANCK BOUAZIZ en millions d’euros en 2017