Grève à la SNCF : drôle d’ambiance entre les syndicats
L’histoire retiendra que la date du bac, cuvée 2018, a semé la discorde au sein des quatre syndicats qui portent la grève intermittente de la SNCF depuis le 3 avril. Lundi, la CFDT avait indiqué qu’elle ne participerait pas à la prochaine séquence d’arrêt de travail les 17 et 22 juin. Ces deux jours correspondent en effet aux épreuves du baccalauréat. Une prise de position qui avait sérieusement irrité Roger Dillenseger, le dirigeant de l’Unsa, l’autre organisation syndicale «réformiste» de la SNCF. Finalement, à l’issue d’une réunion intersyndicale plutôt mouvementée qui s’est tenue mercredi, les quatre organisations représentatives de la SNCF (CGT, Unsa, Sud Rail et CFDT) appellent à la grève la semaine prochaine : dimanche 17 et lundi 18 juin, puis vendredi 22 et samedi 23 juin.
La réunion s’est déroulée de manière particulièrement houleuse compte tenu de l’opposition croissante entre l’Unsa et la CFDT, alors que le gouvernement comme la SNCF placent tous leurs espoirs dans ces deux centrales pour appeler à la fin de la grève. «Le grand écart de la CFDT me semble physiquement et intellectuellement difficile à tenir», estime pour sa part le secrétaire fédéral de SUD, Erik Meyer. Libération a tenté, sans succès, d’entrer en contact avec Didier Aubert, le responsable de la CFDT Cheminots. Signe de la tension qui s’est désormais installée chez les cheminots, les organisations représentatives ont tenu deux réunions intersyndicales (la première s’est faite sans SUD Rail) pour décider de la suite à donner à leur action. Anasse Kazib, militant SUD Rail, y voit «une volonté de briser l’unité syndicale. Ils se sont vus une première fois à 14 heures à trois, et à 15 heures, ils ont fait une autre réunion avec SUD». En début d’aprèsmidi une centaine de cheminots ont tenté de perturber l’intersyndicale, les CRS sont intervenus et ont dispersé les manifestants avec du gaz lacrymogène. Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, les députés adoptaient en dernière lecture la loi sur la réforme de la SNCF.