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Vaujour, ex-braqueur : «Je ne suis plus de ce monde-là»

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La rencontre avec Michel Vaujour a eu lieu deux jours après l’interpella­tion de Redoine Faïd dans sa cité natale de Creil (Oise), trois mois après son évasion par hélicoptèr­e. Ex-bandit lui aussi, l’homme de 67 ans – dont 27 derrière les barreaux – s’y connaît en la matière : il s’est fait la malle cinq fois. De ses belles, l’une, particuliè­rement rocamboles­que, est restée dans les annales. Celle du 26 mai 1986 quand, après avoir obtenu son brevet de pilote, sa femme de l’époque, Nadine, est venue le récupérer aux commandes d’un hélicoptèr­e au-dessus de la Santé, où il était détenu. Quand on le retrouve dans les bureaux de son éditeur, Michel Vaujour n’est pas vraiment au courant pour Faïd : «Cela peut surprendre, mais je m’en fous complèteme­nt», lâche-t-il. Pas une once de fascinatio­n, ni un léger intérêt. «Je ne suis plus de ce monde-là», tranche celui qui vient de publier L’amour m’a sauvé du naufrage (XO Editions), où il revient sur sa vie, de son enfance rurale, entre violence et abandon, à ses premières amours, en passant par ses dix-sept années d’isolement en quartier de haute sécurité (QHS). De vols de voitures en casses de banques, Vaujour a fréquenté très jeune prétoires et prisons. Ça commence par un vol de voiture, un soir de cafard amoureux. Rapidement, son penchant pour l’évasion plombe l’addition. A 25 ans, le petit délinquant cumule déjà des peines aussi longues que son âge. «J’étais dans une fuite en avant», analyse le repenti. Longtemps, il n’a été habité que par une irrépressi­ble envie : «Dès que j’étais en prison, je m’évadais. Ce qui m’animait, ce n’était pas d’être ailleurs, c’était de ne plus être en taule.»

Libéré en 2003, ces quinze dernières années, au côté de sa femme Jamila, l’ont «arrondi» : «Ma relation aux autres a changé. Avant, j’étais plus hard, plus abrupt.» Il avait découvert le yoga dans «la solitude de [sa] cellule» et n’a jamais lâché. Ces années de taule l’auraient aidé à développer «[sa] capacité à être heureux» : «Le bonheur dépend d’abord de nous. Ce ne sont pas les choses autour qui ont changé, c’est moi.»

CHLOÉ PILORGET-REZZOUK Photo MATHIEU ZAZZO A lire en intégralit­é sur

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Michel Vaujour, le 5 octobre à Paris.

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