Libération

«JAMAIS MA PENSION NE SERA SUFFISANTE POUR UN EHPAD»

- Recueilli par AMANDINE CAILHOL

«J’ai déjà pris la hausse de la CSG dans les dents. Et maintenant, on nous annonce une revalorisa­tion de nos pensions de seulement 0,3%, bien en dessous de l’inflation. Forcément, mon pouvoir d’achat en souffre ! En fait, Emmanuel Macron m’a renvoyé à ma situation de 2011. D’habitude, ça augmente, bon an, mal an, on va vers du mieux. Là au contraire, je suis en train de reculer. Rien que pour la CSG, en comptant aussi le prix de ma mutuelle santé qui a augmenté de quelques euros, je perds plus de 500 euros par an, soit une quarantain­e d’euros par mois, avec une pension passée de 1 616 à 1 573 euros. Macron veut nous faire passer pour des nantis… Mais qui a fait tourner pendant des années des boîtes, bien privilégié­es, elles ? Ce sont les retraités d’aujourd’hui ! Et à ces entreprise­s pourtant, aujourd’hui, on ne demande pas de rendre l’argent… Ce n’est clairement pas elles qui vont payer mon Ehpad demain… Ça, c’est une vraie inquiétude: jamais ma pension ne sera suffisante. J’ai regardé les prix : aujourd’hui à Paris, il faut débourser 3 000 euros par mois minimum pour un tel hébergemen­t. On peut trouver moins cher, mais il faut aller loin. Pour payer la maison de retraite de mes parents, on a dû vendre leur maison. Mes enfants seront-ils obligés de faire pareil pour moi ? Cela me rend amer. Avec mon épouse qui travaille encore et gagne à peine plus que moi, je ne dis pas qu’on vit mal. On n’est pas les plus à plaindre, mais on fait attention. On se limite sur les produits chers comme la viande. Mais regardez comment le prix de l’essence grimpe… Pour couronner le tout, on vient de recevoir notre taxe d’habitation : pas de trace de la ristourne de 30 % vantée par le gouverneme­nt. L’ardoise s’élève à 1 800 euros, car on est dans une commune pauvre. On nous dit qu’il faut attendre 2020 voire 2021 pour que tout le monde y ait droit, mais il ne faut pas se leurrer. L’Etat n’a pas les moyens d’une telle réforme. Il devra trouver l’argent ailleurs, en augmentant par exemple la taxe foncière. Et ce sera à nouveau à nous de payer.»

Newspapers in French

Newspapers from France