Libération

«IL NE FAIT PAS BON ÊTRE JUSTE AU-DESSUS DU SMIC»

- Recueilli par A.Ca.

«Je suis cantonnier à Sardieu, un village de l’Isère. Mon salaire est de 1 450 euros net. En janvier, lorsque la CSG a augmenté, j’ai vu apparaître une compensati­on de 14 euros sur ma feuille de paie. Mais en fin de compte, je suis bel et bien perdant : cette réforme m’a fait perdre 40 euros par mois. Sans oublier le point d’indice qui est gelé pour cette année… C’est de plus en plus dur. Je vis seul, à la campagne, avec un loyer de 500 euros. Je n’ai droit à rien. Ni aux allocation­s logement, ni à la prime d’activité, ni aux aides pour l’énergie. Conclusion : il ne fait pas bon être célibatair­e et juste au-dessus du smic. Tous les mois, je dois aussi payer l’électricit­é pour chauffer mon appartemen­t mal isolé (120 euros), le prêt pour ma voiture (130 euros), au moins deux pleins de gasoil pour aller au travail et en ville (140 euros). A la fin, il ne reste pas grand-chose. Je me débrouille, je fais attention, je limite les grosses courses à une seule fois par mois. Le reste du temps, j’essaie de trouver des combines pour ne pas trop dépenser, j’achète les produits bradés en fin de marché. Malgré tout, chaque fin de mois, je dois aller puiser 100 à 200 euros dans mes économies. Et là, ça commence à fondre. Autant dire que pour les sorties, c’est très compliqué. Je n’ai pas vraiment de budget pour ça. En plus, je n’ai même pas de treizième mois ou d’autres avantages comme les tickets restaurant ou les chèques vacances… Je viens tout de même de voir que je vais bénéficier de la réduction de 30 % sur la taxe d’habitation cette année. C’est déjà ça. Mais ce serait bien si le gouverneme­nt pensait un peu plus aux gens comme moi, à ceux qui gagnent à peine plus que le salaire minimum, juste un tout petit peu trop pour avoir droit à des aides. C’est quand même fou. Il y a cinq ans, j’avais un autre emploi, dans le nord de la France. Je gagnais moins, puisque mon salaire était alors de 1 300 euros net, pour environ le même niveau de charges, mais tout de même je m’en sortais mieux. Je n’étais pas à l’aise non plus financière­ment, mais je n’étais pas à la peine, comme aujourd’hui».

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