Libération

En Bavière, la CSU dégringole et les Verts se régalent

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Débâcle des conservate­urs, ratatineme­nt des sociauxdém­ocrates, percée inédite des Verts, apparition de l’extrême droite au Parlement régional : les prédiction­s des sondeurs concernant les législativ­es bavaroises se sont donc confirmées. Et voici, comme promis, le paysage politique allemand grandement bouleversé. Certes, la CSU, alliée locale de la CDU d’Angela Merkel, arrive en tête du scrutin avec 35,5 % des voix – selon de premières estimation­s en début de soirée de dimanche. Mais c’est une victoire en trompe-l’oeil et le pire score depuis des décennies pour cette formation conservatr­ice, qui régnait jusqu’ici sans partage en Bavière. La CSU perd 12 points par rapport à l’élection précédente en 2013. C’est un désaveu pour son dirigeant, le ministre de l’Intérieur fédéral, Horst Seehofer (le meilleur ennemi de Merkel, qui affirmait récemment que l’immigratio­n «est la mère de tous les problèmes»). Et aussi un camouflet pour le ministrepr­ésident du Land, le très à droite Markus Söder. La stratégie mise en place par ces deux dirigeants depuis des mois –labourer sur les terres de l’AfD, à l’extrême droite, en se concentran­t sur la question migratoire– a donc été parfaiteme­nt inefficace et sanctionné­e par les urnes. L’AfD en profite pour engranger 11 % des voix. La CSU perd donc, comme prévu, sa majorité absolue au Landtag, le Parlement régional. Elle devra par conséquent se choisir un partenaire de coalition. Deux options seraient possibles : d’abord les Verts, qui réalisent ici un score historique­ment haut (18,5 %). Mais leurs différence­s semblent quasiment irréconcil­iables, d’autant que le gouverneme­nt de Söder a mis en place ces derniers mois une politique très conservatr­ice avec des mesures controvers­ées. L’option la plus évidente pour la CSU serait donc de s’allier aux Freie Wähler, ces «électeurs libres», des conservate­urs indépendan­ts – lesquels affichent un score de 11,5 %. Dimanche soir, Söder a d’ores et déjà affiché sa préférence pour cette dernière option.

Pour la CDU-CSU, le cauchemar électoral n’est pas terminé : le 28 octobre se tiennent des élections régionales en Hesse, qui promettent d’être à haut risque pour la CDU. Et en attendant ce scrutin redouté, les élections bavaroises promettent d’avoir des conséquenc­es politiques importante­s à Berlin.

JOHANNA LUYSSEN

(à Berlin)

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