L’UE troublée par les dérives autoritaires
Après la Pologne et la Hongrie, la Roumanie suscite l’inquiétude de l’Union. Le 3 octobre, le Parlement a débattu, pour la seconde fois cette année, de la dérive autoritaire de ce pays, en présence de la Première ministre roumaine social-démocrate, Viorica Dancila. «Ça monte doucement, mais sûrement, on voit enfin qu’il y a un sujet d’Etat de droit», confirme un diplomate européen. De fait, les autorités roumaines essayent d’en finir avec l’indépendance de la justice et sapent consciencieusement la lutte anticorruption. Il n’est pas encore question d’activer l’article 7 des traités européens, qui peut aboutir à des sanctions s’il ya «un risque clair de violation grave par un Etat membre des valeurs» européennes. Mais on s’en approche. Jusque-là, les deux principales forces politiques, les conservateurs du PPE et les socialistes, se tenaient par la barbichette, les premiers protégeant Viktor Orbán, les seconds couvrant le social-démocrate Liviu Dragnea condamné pour corruption… Mais en septembre, une partie du PPE a voté pour que la Hongrie soit poursuivie sur la base de l’article 7...
La dérive autoritaire roumaine est une nouvelle démonstration que l’Union est confrontée à une crise existentielle, voyant resurgir des partis avec des valeurs en totale opposition avec les siennes. Or l’UE est fondée sur la confiance mutuelle. Ce n’est pas un hasard si la Cour européenne de justice vient de décider que le mandat d’arrêt européen ne serait plus automatique dès lors qu’il existe un doute sur le respect de l’Etat de droit par le pays émetteur. La Commission veut aller plus loin : elle propose que les aides régionales soient, à partir de 2021, conditionnées au respect des valeurs européennes.
JEAN QUATREMER A lire en intégralité sur