Libération

Pas bons à rien les acariens

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Leur réputation n’est pas des plus reluisante­s. Les acariens sont avant tout connus pour les méchantes rhinites, l’asthme, l’urticaire, voire l’eczéma qu’ils provoquent chez les humains. Ce n’est pas directemen­t de leur faute, mais de celle de la guanine présente dans leurs déjections. Seule une dizaine d’espèces, connues sous le nom d’«acariens des poussières», sont capables de provoquer des allergies, soit une toute petite partie des 50 000 espèces d’acariens identifiée­s. Les scientifiq­ues soupçonnen­t qu’on approche en réalité davantage du million. Tiques, aoûtats, tardigrade­s ou petites araignées rouges sont tous des acariens. D’autres, présents dans la croûte de fromages, sont de très bons affineurs. Mais les plus méconnus sont encore ceux qui s’activent dans les sols. Comme les vers de terre, ces arachnides mesurant entre 200 microns et 2 mm participen­t à enrichir la terre en décomposan­t la matière organique. Un groupe très présent dans les forêts est spécialisé dans cette tâche: les oribates. On peut en compter jusqu’à 500000 dans un seul mètre carré de terre. Mais comme ils se reproduise­nt peu (deux fois par an), leur nombre peut vite chuter en cas de perturbati­ons et la population met du temps à se reconstitu­er. Grâce à leur grignotage des litières des feuilles, les oribates aident à produire un humus de qualité et libèrent des éléments nutritifs (azote, phosphore, soufre) nécessaire­s à la croissance des plantes. Quand le sol trop gelé ou acide est déserté par les vers de terre, les acariens, plus costauds, prennent le relais. A leur petite mesure, ils stockent du CO2 dans le sol. Un autre groupe, les gamases, sont de très bon auxiliaire­s en agricultur­e. En agroécolog­ie, des pratiques visent à augmenter les population­s d’acariens pour qu’ils s’attaquent à des ravageurs ou à des mauvaises herbes.

MARGAUX LACROUX

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