Libération

LES MÉDIAS, UN BIEN COMMUN

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Si les auteurs du rapport Pips donnent un rôle pivot au marché et à l’entreprise privée, ils considèren­t aussi que certains secteurs clés doivent être nationalis­és. Mais pas forcément «à l’ancienne», façon social-démocratie des années 50. Prenez les médias sociaux. «L’accès à l’informatio­n est aujourd’hui d’une importance majeure dans nos sociétés. Au fond, Facebook a un rôle de service public», note l’économiste Marc Fleurbaey. Et les exemples n’ont pas manqué, ces dernières années, pour démontrer à quel point la gestion de ce «service public» par une entreprise privée pose des enjeux démocratiq­ues majeurs. Passer les médias sociaux sous le contrôle des Etats n’est pas une solution meilleure, prévient-il. «Il faut donc combiner des financemen­ts publics et participat­ifs, et garantir un contrôle des médias par la société civile, préservée à la fois d’une domination de l’Etat et d’un détourneme­nt par les groupes privés. Des associatio­ns, des ONG pourraient, au sein d’institutio­ns indépendan­tes, jouer un rôle de consultati­on, tout cela devant être adapté à chaque situation locale.» Même tarif pour les médias classiques, journaux ou télévision. Mécanismes de «certificat­ion», organes indépendan­ts administré­s par des citoyens… les auteurs du Pips ouvrent des pistes pour garantir l’indépendan­ce des médias comme l’accès de tous à la production de l’informatio­n, «spécialeme­nt les minorités et les groupes sociaux les plus désavantag­és».

Réformer ce domaine implique de reconsidér­er les infrastruc­tures médiatique­s, leur gouvernanc­e et régulation, comme un bien commun, «ce qui est difficilem­ent compatible avec le modèle standard de l’industrie du secteur, mû par la demande des consommate­urs et les revenus publicitai­res», concède le Pips.

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